1870 |
1870-111 BIS
Eugénie Desnoyers (épouse Mertzdorff)Dimanche, septembre/octobre 1870
Lettre d’Eugénie Desnoyers, épouse de Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) à Félicité Duméril (Morschwiller)
Dimanche1.
Chère bonne-Maman,
Je m'étais figurée que nous aurions le plaisir de vous voir aujourd'hui au moins en partie si ce n'était pas tous les trois2, mais je me vois déçue dans mon attente.
Hier nous voulions vous arriver tous les 43 mais il pleuvait tellement au moment de dire au cocher4 d’atteler que nous avons renoncé à notre projet. J'ignorais que la voiture de Morschwiller fût ici, et le soir quand j'ai voulu écrire j'ai trouvé que par la poste vous ne recevriez pas la lettre avant votre départ et je me suis abstenue à tort, puisque nous n'avons pas le plaisir de vous avoir.
Pour l'instant nous pensons vous aller trouver demain, mais dans la crainte de nouveaux empêchements je vous griffonne toujours quelques lignes.
L'esprit est toujours aussi sombre, je reçois tous les jours quelques lignes de Paris5 ; les santés sont bonnes, chacun s'efforce de se montrer courageux pour faire face aux grandes émotions qui vont les entourer.
Julien6 est au fort d'Issy, ce cher garçon a voulu nous écrire encore quelques lignes avant que l'ennemi ne soit là…
… On devine le reste de sa pensée. Ah mon Dieu.
Charles voit toujours tout si sombre que je n'ai guère de paroles rassurantes à vous donner, mais il faut cependant jouir de ce que jusqu'ici notre département est épargné.
Maman7 me charge de « mille bonnes et affectueuses amitiés à cette chère bonne madame Duméril, c'est tout ce qu'on peut s'adresser de plus doux pour le cœur ».
M. Soleil réclame sa femme qui reste avec ses parents8.
A demain j'espère, chère bonne-maman en attendant, recevez pour vous et ces messieurs nos meilleures amitiés
votre Eugénie M.
Notes
Notice bibliographique
D’après l’original
Pour citer ce document
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Compléments historiographiques
Cécile Dauphin
Centre de recherches historiques
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