1873 |
1873-13
Charles MertzdorffSamedi 29 mars 1873 (A)
Lettre de Charles Mertzdorff (Nancy) à sa fille Marie Mertzdorff (Paris)
Nancy Samedi 29 Mars 1873.1
Ma chère Marie
Vous avez sans nul doute reçu une dépêche d'hier soir. Comme j'étais à peu près toute la route tout seul dans mon compartiment de chemin de fer je n'étais pas gêné & ai pu m'étendre en long & en travers, ce qui m'a permis de dormir un peu ; Suis arrivé exactement à l'heure à Nancy où j'ai trouvé l'oncle Z.2 m'attendant à la gare. La maison de tante3 touche la gare, quelques pas & je me trouve devant un bon déjeuner tout chaud qui m'attendait.
Je ne sais si la tante4 dans ses observations météorologiques a constaté que le thermomètre était au-dessous de glace ; mais il faisait très froid & une bonne gelée blanche couvrait la campagne. Cependant grâce à ma couverture je n'ai pas souffert du froid & de toute la journée d'hier je ne me sentais pas trop fatigué.
La végétation est bien moins avancée ici qu'à Paris, les prés ne sont pas encore bien verts, de feuilles aux arbres, point.
J'ai fait visite à Mme de Rheinwald5 qui va bien & où j'ai eu le plaisir de voir Mlle Marie6 qui est maintenant une grande fille qui se préparait à faire avec sa cousine7 & sa tante8 à faire une quête pour quelque œuvre de charité. C'est considérable ce que l'on donne à Nancy me dit-on. Aussi avons-nous visité une belle église qui se construit avec l'argent des quêtes & c'est la seconde faite ainsi depuis peu d'années.
Tout le monde m'a demandé de vos nouvelles & comme j'ai répondu que vous alliez bien & que tante, oncle9 & moi étions contents de vous, je pense, que c'est encore la vérité puisque c'était vrai hier.
Hier au soir j'ai reçu une dépêche de Léon10 qui me dit de ne pas aller à Senones11 avant de lui avoir parlé qu'il quitte Morschwiller ce matin 5h & sera ici à 2h. Je ne devine pas le pourquoi j'attends & laisserai une petite place pour vous le dire. C'est pourquoi je me trouve encore dans la chambre de tante & que je puis vous écrire, autrement je quittais aujourd'hui de grand matin pour les Vosges.
Hier au soir en allant porter la dépêche qui vous annonçait mon arrivée, l'oncle Z. m'a accompagné & comme la distance du bureau télégraphique est assez grande nous avons été assez maladroits pour nous faire mouiller par une bonne averse. tout le reste de la journée a été belle & un temps lourd & chaud.
l'oncle & tante12 sont bien installés leur logement n'est pas grand, mais il est gai & l'on commence à s'habituer à la nouvelle vie. Il y a du reste beaucoup d'optants Alsaciens ici & bon nombre cherchent des logements que l'on ne trouve pas.
Malheureusement la tante a la migraine ce matin, probablement provoquée par quelque ennui de femme de chambre dont elle n'est pas contente & sera dans le cas de changer, ce qui est toujours ennuyeux.
Les environs de Nancy sont très beaux & quantité de jolies maisons de campagne entourent la ville, qui elle-même est jolie & assez animée pour une ville de province.
Mme de Rheinwald avec Mlle de Grandville13 & Marie vont quitter Nancy pour habiter Colmar & le moulin du Rhin. Oncle & tante pensent aussi retourner à Colmar & faire un séjour si les Prussiens les tolèrent, ce que je ne crois pas.
Tu vois que le pays natal a toujours, pour tous, une attraction qu'il est pénible de vaincre
< >14 rentrer Lundi
Notes
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D’après l’original
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