1873 |

1873-19

Marie Mertzdorff

Jeudi 3 avril 1873

Lettre de Marie Mertzdorff (Paris) à son père Charles Mertzdorff (Vieux-Thann)

Paris le 3 Avril 731

Mon cher petit papa,

Voilà enfin Mercredi passé et pas trop mal, je me suis comme toujours énormément amusée. J'ai été2 6e en dictée de la dernière fois et comme tu vois presque avant-dernière même place en arithmétique car tu sais que j'avais eu la bêtise de manquer la petite division sans cela la théorie était bien. En écriture j'ai été 2e on ne le dirait pas d'après mes lettres n'est-ce pas. En Histoire et en analyse de vive voix j'ai été 1re.

Je crois que je t'ai déjà parlé de Marthe Tourasse qui est de ma division et que j'aime beaucoup et bien elle a une fluxion de poitrine.

Ce matin je me suis levée tard et ne suis pas très en train <de> travailler aussi n'ai-je fait que mon piano. Nous allons aller à 1h chez Mme Dumas3 où nous resterons jusqu'à 2h, heure à laquelle viendra Mlle Bosvy Aujourd'hui elle nous donnera 1h à chacune au lieu de 3 ¼ d'heure. La semaine dernière mes problèmes et moi t'avons bien regretté j'en ai fait un à la correction duquel Mlle Bosvy a passé la moitié de la leçon.

Je ne sais si nous t'avons dit que nous avions eu l'intention d'aller faire visite demain à Pauline Dupoirieux à Passy mais elle n'y sera pas ce qui est donc partie remise.

Samedi nous devons aller prendre Henriette Baudrillart pour nous promener avec elle et peut-être Paule Arnould jusqu'à l'heure de notre leçon de piano.

Tante4 vient d'aller dire un petit bonjour à bonne-maman Desnoyers5 nous y avons déjeuné hier elle n'allait pas trop mal pourtant dans la nuit elle avait eu un peu mal à la gorge au moment de nous mettre à table M. Blondain un ami d'oncle Alfred6 est arrivé et a déjeuné avec nous. Je n'ai vraiment plus rien à te dire, cher petit papa, si ce n'est de te répéter mille et mille fois que je t'aime énormément.

J'ai bien peur que tu ne te fatigues trop et je te recommande bien de te soigner. Tu sais, mère7 en avait bien soin.

T'ai-je dit qu'hier à son catéchisme Emilie8 a encore eu les palmes j'espère qu'elle ne tardera pas à arriver au cachet d'or. Elles vont avoir un congé de trois semaines à cause de la semaine sainte et de Pâques.

Adieu, cher petit père, je n'ai plus rien à te dire je t'embrasse bien bien fort le plus fort que je peux. Emilie en fait autant.

ta petite fille

Marie Mertzdorff

Tu sais qu'il y a des petits jaguars9 que leur mère élève tu comprends quel bonheur.

Je te charge de faire bien des amitiés de la part de ma part à tout le monde. Tout le monde, bon-papa et bonne-maman10 particulièrement, me chargent de leurs amitiés Voudras-tu, je te prie m'apporter mes 3 cahiers de catéchisme qui se trouvent dans le tiroir de la table jaune au pied de mon lit.

Cécile11 me prie de ne pas t'oublier.

Jeanne Brongniart va venir passer l'après-midi avec nous sa mère12 allant à l'Académie pour la réception du Duc d'Aumale13 tu vois que je suis bien au courant.

Notes

1 Lettre sur papier deuil.
2 Classement du cours des dames Boblet.
3 Cécile Milne-Edwards, épouse d’Ernest Charles Jean Baptiste Dumas, plutôt que sa belle-mère Hermine Brongniart, épouse de Jean Baptiste Dumas.
4 Aglaé Desnoyers, épouse d’Alphonse Milne-Edwards.
5 Jeanne Target, épouse de Jules Desnoyers.
6 Alfred Desnoyers.
7 Eugénie Desnoyers (†), épouse de Charles Mertzdorff.
8 Emilie Mertzdorff.
10 Jeanne Target et son époux Jules Desnoyers.
11 Cécile, bonne des petites Mertzdorff.
12 Catherine Simonis, épouse d’Edouard Brongniart.
13 Henri d'Orléans (1822-1897), duc d’Aumale (voir son discours de réception et la réponse d’Alfred Auguste Cuvillier-Fleury sur le site de l’Académie française).

Notice bibliographique

D’après l’original


Pour citer ce document

Marie Mertzdorff, «Jeudi 3 avril 1873», correspondancefamiliale [En ligne], Correspondance familiale, 1870-1879, 1873,mis à jour le : 04/01/2013

Danièle Poublan

Cécile Dauphin

Centre de recherches historiques
EHESS
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