1873 |

1873-27

Félicité Duméril (épouse Duméril)

Dimanche 18 mai 1873

Lettre de Félicité Duméril, épouse de Louis Daniel Constant Duméril (Morschwiller) à Aglaé Desnoyers, épouse d’Alphonse Milne-Edwards (Paris)

Dimanche 18 mai 1873

Dimanche 17 Mai 18731.

Ma bien chère Aglaé,

Hier étant allée à Mulhouse j’ai été savoir des nouvelles de la tante et marraine du bon abbé M. Butsch, il était convenu que Madame Gerspach2 écrirait à son filleul et que sa lettre pourrait partir dans celle que je t’écrirais, et tu la trouveras ci-jointe au petit mot que je t’envoie. Je me suis oubliée hier auprès de cette pauvre dame à laquelle les épreuves n’ont pas manqué, elle pleure comme nous des êtres chéris. Combien la sympathie s’établit vite entre des cœurs qui souffrent ! La première fois que j’ai eu le plaisir de voir cette dame, je l’ai trouvée très souffrante dans une indisposition analogue à <celle que> j’ai éprouvée à Paris à la fin de mon séjour, hier donc j’ai eu l’idée de lui porter un pot de gelée de coings, et je ne saurais te dire combien cette pauvre dame a été sensible à cette petite attention, du reste elle va mieux mais me paraît forte de santé.

Hier en rentrant nous avons eu la bonne lettre de Charles3 adressée à Léon4, il dit que nos chères petites5 ayant un peu de vacances dans ce moment, peuvent s’occuper de couture, ce qui me fait grand plaisir, car c’est bien là une des choses les plus utiles à une femme. Je me rappelle une remarque de notre bien aimée Eugénie6, hélas ! la dernière fois que je l’ai vue. Etant entrée dans la chambre de nos chéries qui étaient près de la table occupées toutes deux de leur ouvrage à l’aiguille elle dit : Combien j’aime ce tableau qui présente, dans ce moment, mes petites filles. Il y a pour moi tant de douceur à me rappeler ce qu’elle disait, je le joins, dans ma pensée, à ce que disait ma chère Caroline7. C’est toi, à présent, excellente Aglaé, qui nous offres dans ta personne, dans tes sentiments, l’image des êtres chéris que nous avons perdus. Combien nous vous aimons, toi, et ton cher mari8.

Nous avons eu la semaine dernière la visite de M. et de Mme Tachard9, visite pendant laquelle tous deux ont exprimé la vive part qu’ils prennent à notre malheur10. L’état de leur petit garçon11 leur cause toujours de grandes inquiétudes. Madame Tachard est pâle et fatiguée, elle a été très souffrante le lendemain du jour où elle est venue nous voir. Veuille nous rappeler au bon souvenir de Monsieur Milne-Edwards12 et de Madame Trézel13. Souvenirs affectueux à tes aimables sœurs14.

Je t’embrasse de tout cœur ainsi que nos chéries et Monsieur Alphonse.

Ne nous oublie pas auprès de tes chers parents15 que nous aimons tant.

Félicité Duméril

Notes

1 Le 17 mai 1873 est un samedi.
2 Joséphine Butsch, veuve de Joseph Gerspach.
3 Charles Mertzdorff.
4 Léon Duméril.
5 Marie et Emilie Mertzdorff.
6 Eugénie Desnoyers (†), seconde épouse de Charles Mertzdorff.
7 Caroline Duméril (†), première épouse de Charles Mertzdorff.
8 Alphonse Milne-Edwards.
9 Albert Tachard et son épouse Wilhelmine Grunelius.
10 Le décès d’Eugénie Desnoyers, épouse de Charles Mertzdorff.
11 André Pierre ou son frère Pierre Albert Tachard.
13 Auguste Maxence Lemire, veuve du général Camille Alphonse Trézel.
14 Les deux belles-sœurs d’Aglaé : Cécile Milne-Edwards, épouse d’Ernest Charles Jean Baptiste Dumas et Louise Milne-Edwards, veuve de Daniel Pavet de Courteille.
15 Jeanne Target et son époux Jules Desnoyers.

Notice bibliographique

D’après l’original


Pour citer ce document

Félicité Duméril (épouse Duméril), «Dimanche 18 mai 1873», correspondancefamiliale [En ligne], Correspondance familiale, 1870-1879, 1873,mis à jour le : 04/01/2013

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Danièle Poublan

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