1873 |
1873-63
Félicité Duméril (épouse Duméril)Dimanche 23 novembre 1873
Lettre de Félicité Duméril, épouse de Louis Daniel Constant Duméril (Morschwiller) à Aglaé Desnoyers, épouse d’Alphonse Milne-Edwards (Paris)
Morschwiller 23 9bre 1873.1
Il y a bien longtemps, ma bien chère Aglaé, que je ne suis venue te trouver et cependant ma pensée est presque toujours avec toi que je vois au milieu de nos bien aimées petites filles2. Par la dernière lettre de Charles3 nous avons eu sur vous tous de bien bons détails que mon mari4 a eu l’heureuse idée de me transmettre à Besançon où je me trouvais alors. Par cette lettre de Charles je pensais qu’il serait ici à mon arrivée et au lieu de le voir j’ai appris avec bien du regret qu’il est retenu à Paris par un accès de goutte, depuis ce jour nous sommes sans nouvelles et désirons bien ne pas tarder à en recevoir.
Je viens de passer douze jours à Besançon auprès de nos chers parents qui m’ont sans cesse entourée de tous ces soins, de toutes ces attentions que la bonne amitié sait si bien suggérer. J’ai fait de longues promenades avec ma sœur5, Adèle6 et ses enfants7. Ce pays m’a paru bien beau et la ville de Besançon renferme bien des ressources soit pour l’instruction, soit pour le le bien-être matériel. Les enfants de ma chère Adèle sont quelquefois très turbulents mais il y a des moments où ils sont fort gentils, Adèle se multiplie auprès d’eux, chez elle l’activité est unie au calme et à la douceur. Louise8 la petite filleule de notre Marie est une délicieuse enfant toujours prête à rire et à faire la câline. Le premier jour elle ne voulait pas venir avec moi mais après je pouvais la prendre sans qu’elle fît de difficulté. Ce séjour à Besançon me laisse un bien doux souvenir et j’avais le cœur serré en quittant ma sœur et ses enfants. Malheureusement pendant ce séjour je n’étais pas bien portante, j’ai eu fréquemment des douleurs d’entrailles occasionnées sans doute par le changement d’air, à présent je vais tout à fait bien. La cruelle fièvre typhoïde règne dans ce moment à Besançon et a fait bien des victimes pendant que j’y étais. A mon retour à Morschwiller j’ai eu le grand contentement de trouver tout mon monde en bonne santé.
J’espère qu’il en est de même chez toi, ma chère enfant, nous t’aimons tant ainsi que ton bon mari9 et les êtres chéris qui t’entourent et que je n’ai pas besoin de nommer.
Adieu ma bien chère Aglaé, embrasse bien fort pour nous Marie et Emilie et reçois pour toi-même mes tendres embrassements
Félicité Duméril
Ne nous oublie pas auprès de tes chers parents10, de ta bonne mère et de tes sœurs11.
Un petit mot bien affectueux à Charles et à ton mari.
Je réclame toujours ta photographie et celle de M. Alphonse.
Notes
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D’après l’original
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