Mon père chéri,¹

Nous avons reçu hier ton bon petit mot qui nous dit que tu as fait bonne route et que tu vas bien toutes choses qui nous font plaisir.

Je t'écris mon chapeau sur la tête car comme une petite sotte j'avais oublié que c'était le jour de t'écrire ce n'est qu'au moment de sortir que je m'en suis souvenue. alors vite vite je suis remontée et me voilà griffonnant je ne sais pas trop quoi seulement pour que tu ne sois pas inquiet et que tu saches que nous nous portons à merveille.

Nous allons faire qu^elques visites M^mesTrézel², Boyer, Fröhlich³ & nous comptons ne pas rentrer trop tard mais comme nous pouvons ne pas être exactes j'ai voulu t'écrire q^uelques lignes que je te prierais de ne jamais montrer à M. Boussiard⁴ car je crois qu'il n'en serait pas trop content.

Tu sais que tante et oncle⁵ devaient dîner jeudi chez M. Bureau mais ils ont refusé comme tu sais. Les Brongniart avaient aussi été invités mais Jeudi matin on est venu les décommander car le petit⁶ est pris très gravement d'une fluxion de poitrine nous passerons probablement prendre de ses nouvelles.

Rien d'extraordinaire hier M^lleBosvy est venue ainsi que notre professeur de calligraphie.

Mais adieu mon père chéri il est deux heures et voilà 1/4 d'heure qu'on m'attend

Cette lettre ne compte pas j'espère réparer mon étourderie demain en t'écrivant plus longuement en attendant mille baisers

Marie