1874 |
1874-83
Félicité Duméril (épouse Duméril)Mardi 15 décembre 1874
Lettre de Félicité Duméril, épouse de Louis Daniel Constant Duméril (Morschwiller) à Aglaé Desnoyers, épouse d’Alphonse Milne-Edwards (Paris)
Morschwiller 15 Xbre 1874.
Ma bien chère Aglaé,
J’ai écrit il y a huit jours à ma bonne petite Emilie1 en réponse à l’excellente petite lettre qu’elle m’avait écrite. Cette lettre que je lui ai adressé a été portée par moi-même au grand bureau à Mulhouse, et cependant je vois par les lettres que Charles2 a la bonté de me faire parvenir que la mienne n’est pas arrivée à ma chère petite Emilie, je vais donc aujourd’hui prendre une enveloppe à grand format afin qu’elle ne puisse pas glisser entre d’autres. D’abord parlons de ta bonne mère3 à laquelle je pense souvent, je suis heureuse de la savoir en convalescence ; maintenant il ne s’agit plus que de précautions à observer rigoureusement pendant la durée de l’hiver, embrasse-la bien pour moi ainsi que ton bon père.
Nos chères petites4 sous la tendre surveillance de leur tante Aglaé et de leur oncle5 se développent parfaitement de toutes façons. J’aime tant à les suivre par la pensée et il me semble par moments que je les entends. Je n’attendrai pas au mois de septembre pour vous voir tous, ce serait trop long, et au premier printemps, si rien ne s’y oppose, je ferai le voyage de Paris, j’ai déjà dit à ce sujet à ma bonne parente Madame Fröhlich6.
Au risque de t’ennuyer, il faut pourtant, ma chère Aglaé, que j’en revienne à ma pensée qui est que tu dois te soigner et ne pas te laisser emporter par ton grand courage qui te fait souvent entreprendre des choses au-dessus de tes forces. Tu as dû lire dans le révérend Père Huguet7 qu’il faut penser aux soins que réclament la santé et le pauvre corps sujet à tant d’infirmités si on ne sait les prévenir par une bonne hygiène.
D’ici je n’ai rien de particulier à te dire, Léon8 partage toujours son temps entre Morschwiller et Vieux-Thann. Les affaires paraissent reprendre un peu, nos santés sont bonnes, mais cependant les années, à mon mari9 et à moi, commencent à se faire sentir. J’ai de bonnes nouvelles à te donner de Besançon. Adèle10 est bien pour son état. C’est vers le 20 Janvier qu’elle attend son petit enfant et j’espère que tout ira bien. A propos de ce drap réclamé par Cécile11 avec tant d’arrogance, je te dirai qu’écrivant à notre amie Madame Paul, je lui ai demandé si par hasard elle pourrait me renseigner à cet égard et voici ce qu’elle me répond :
C’est moi qui ai porté à teindre le drap en question et l’ayant en paquet chez moi j’ai demandé à M. Mertzdorff12 s’il m’autorisait à en faire des charités et sur sa réponse affirmative, j’ai eu la satisfaction de le donner à une pauvre famille qui en a fait une couverture et des langes d’enfant.
Adieu bien chère Aglaé, je t’embrasse comme je t’aime ainsi que ton mari, et nos chères petites filles vers lesquelles notre pensée va si souvent. Amitiés bien senties à tes bonnes sœurs13, respects affectueux à Madame Trézel14 et à Monsieur Milne-Edwards15
Félicité Duméril
Notes
Notice bibliographique
D’après l’original
Pour citer ce document
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Compléments historiographiques
Cécile Dauphin
Centre de recherches historiques
EHESS
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