1875 |

1875-28 Bis

Aglaé Desnoyers (épouse Milne-Edwards)

Mercredi 5 mai 1875

Lettre d’Aglaé Desnoyers (épouse d’Alphonse Milne-Edwards) (Paris) à Charles Mertzdorff (Vieux-Thann)

Mercredi 5 mai 1875

Mercredi 5 mai 1875

Mercredi 3h ½

Mon cher Charles, je regrette que vous ne puissiez pas voir par vous-même la mine de Marie1, et l’entendre rire ; car vous seriez bien tranquille sur son compte. En ce moment cette vilaine fille m’aide à vous écrire en me racontant mille et mille choses sur cet affreux M. Pontonnier2 qui n’est pas venu la voir hier et qui la laisse dans son lit pour la fête de demain ; sur la qualité de son eau sucrée ; sur le petit bonnet au crochet qu’elle fait en ce moment && puis elle me récite le discours qu’elle a débité il y a 3 ans à M. le Curé …vous voyez que ce grand bavardage est bien bon signe.

En somme, notre malade va aussi bien que possible, elle mange parfaitement, dort très bien tout en toussant un peu au commencement de la nuit ; elle rit sans cesse, enfin je pense qu’elle va obtenir rapidement la permission de se lever et de se purger car elle commence son 19e jour de lit !... La vilaine bavarde, elle m’a promis de me laisser écrire en paix et elle ne cesse de jaser. Elle me charge de vous dire qu’elle vous adore, qu’elle pense sans cesse à vous et qu’elle désire bien se lever et qu’elle est un peu ennuyée contre M. Dewulf qui ne vient pas lui donner la permission de se lever.

Emilie3 va parfaitement, elle est au cours ; il fait chaud ; aussi je ne suis nullement inquiète sur elle. Nous allons tous bien, je ne suis presque plus fatiguée. Jean4 va mieux mais ne se lève pas non plus.

Un coup de sonnette vient de se faire entendre. Marie a cru que c’était son médecin mais comme personne ne monte elle s’est trompée.

Nous continuons la chaîne de Marguerites5 avec le même bonheur. Je ne pouvais plus la faire se coucher Emilie tant la lecture la captivait ; à 9h ce matin Marie s’est réveillée, vous voyez qu’elle augmente la nuit.

Je vais vous quitter pour peigner Marie qui m’attend avec impatience et qui sans doute pour cela ne peut s’interrompre de bavarder.

Adieu, mon cher Charles, nous vous envoyons nos meilleures amitiés.

AME

Marie vous remercie un million de fois de votre lettre et vous fait dire que vous êtes bien, bien gentil.

Bien des amitiés à bonne-maman6 ; faites je vous en prie tout ce que vous pourrez pour qu’elle vienne occuper votre chambre en votre absence.

Notes

1  Marie Mertzdorff, après une rougeole.

2  Facétie verbale de Marie : Louis Joseph Auguste Dewulf, médecin, est l’époux de Claudine Marie Félicité Justine Pontonnier.

3  Emilie Mertzdorff, sœur de Marie.

4  Jean Dumas.

5  La Chaîne de marguerites, par Charlotte Mary Yonge, traduit de l'anglais par Mlle Rilliet de Constant (une 4e édition est parue en 1874).

6  Félicité Duméril, épouse de Louis Daniel Constant Duméril.


Notice bibliographique

D’après l’original


Pour citer ce document

Aglaé Desnoyers (épouse Milne-Edwards), «Mercredi 5 mai 1875», correspondancefamiliale [En ligne], 1875, 1870-1879, Correspondance familiale,mis à jour le : 10/03/2014

Danièle Poublan

Cécile Dauphin

Centre de recherches historiques
EHESS
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