1916 |

1916-082

Léon Damas Froissart

Vendredi 15 septembre 1916

Lettre de Léon Damas Froissart (Paris) à son fils Louis Froissart (Camp de La Braconne)

Vendredi 15 septembre 1916

Vendredi 15 septembre 1916

Paris  vendredi 15 7e  161

Mon cher Louis

Arrivé ici2 lundi, avec l'idée de retourner au plus vite pour tenir compagnie à Lucie3 qui reste dolente et un peu trop renfermée (quand l'auto, qu'Alexandre4 a dû lui reconduire hier, ne peut la transporter à la plage, il ne peut être question qu'elle y aille), j'y suis encore, retenu comme tu penses, par bien des choses qui se font mieux ici, à commencer par les dactylographies des documents ci-joints et de ceux qui y sont [visés]. J'ai voulu aussi aller voir Madeleine5 puisqu'elle ne s'est pas décidée à mettre en route le volume qu'elle représente vers Brunehautpré où je lui proposais de venir passer un mois.

Ta mère6 que je ne vois pas et à qui je ne téléphone pas comme je le voudrais, a été surprise de me voir arriver à Saint Cloud hier soir me croyant à Wimereux où elle m'avait envoyé la lettre où tu narres l'inspection générale et particulière qu'a faite à La Braconne le Général P.7 mais où tu contes aussi que ton intestin n'est pas encore « à place » comme on dit à Campagne. Il s'en est fallu de peu, tout à l'heure, que je ne prenne le train pour La Braconne au lieu de le prendre à midi 35 pour Wimereux ! mais si tu ne me signales pas, bientôt, une franche guérison, je ne renonce pas à aller te voir. Fais-tu le service complet ? Le cheval n'est pas recommandé quand on est dans cet état. Es-tu assez solide sur tes jambes, pour faire les longues séances, un peu contemplatives, d'un peloton d'instruction ?

Veuille signer (après avoir rempli le crayon) sur la pièce ci-jointe : gardes-en une si tu le préfères, et renvoie-moi cela à Wimereux.

On va bien à Saint Cloud où ta mère par une suite bien naturelle du petit surcroît de fatigue est étendue parallèlement à sa Belle-fille. Jacques y est venu pour 3 jours8. Pierre9 a hâte de faire la guerre de mouvement au-delà de la trouée qui n'est pas encore béante. Michel10 ne récolte plus : il a dû connaître la période, pénible, de la pluie ; il jouirait maintenant de voir que, grâce au beau temps tout se simplifie, c'était [inquiétant].

Mille amitiés

Froissart

Jacques et H. Degroote11 poursuivent leurs stages préparatoires à [   ] chacun de leur côté

Le fils de mon ancien condisciple le Roi d'Espagne12 prié instamment par moi de faire sortir de Marcq-en-Barœul pour venir en France MmeLesaffre qui lui fait demander qu'on fit des démarches, veut bien me répondre, apprenant par moi que je n'ai pas brimé son auguste père en 1868 à Stanislas13, veut bien me faire écrire qu'il fait les démarches avec le vif désir qu'elles aboutissent. Je lui ai conté l'histoire des sacs le séjour en prison à Saint Amand etc. Réussira t-il ?

Victor Blaud est parti pour le 110e à Sarlat dimanche dernier. MmeDuméril14 ne va pas du tout. Elle [est bien perdue] mais, ça peut traîner. La tante Cécile15 va devoir subir l'enlèvement d'une phalange à une main qui se gangrène. mille amitiés

D Froissart

Notes

1  Lettre sur papier deuil, peu lisible (des erreurs de lecture sont possibles).

2  Rue de Sèvres à Paris.

3  Lucie Froissart, épouse d’Henri Degroote, à Wimereux.

4  Alexandre, chauffeur de Léon Damas Froissart.

5  Madeleine Froissart, épouse de Guy Colmet Daâge, enceinte.

6  Emilie Mertzdorff, épouse de Léon Damas Froissart, à Saint-Cloud auprès de sa belle-fille Elise Vandame, épouse de Jacques Froissart, qui vient d’accoucher.

7  Le général Georges Perruchon.

8  Jacques Froissart, frère de Louis, a bénéficié d’une permission pour la naissance de son fils Marc.

9  Pierre Froissart, frère de Louis.

10  Michel Froissart, frère de Louis.

11  Jacques Froissart et Henri Degroote.

12  Alphonse XIII (1886-1931) fils d’Alphonse XII (1857-1885), initiateur, en tant que monarque d'un pays neutre, d’un bureau des prisonniers de guerre.

13  Stanislas, collège catholique à Paris.

14  Marie Stackler, veuve de Léon Duméril.

15  Probablement Cécile Milne-Edwards, veuve de Ernest Charles Jean Baptiste Dumas.


Notice bibliographique

D’après l’original


Pour citer ce document

Léon Damas Froissart, «Vendredi 15 septembre 1916», correspondancefamiliale [En ligne], 1916, 1910-1919, Correspondance familiale,mis à jour le : 29/01/2015

Danièle Poublan

Cécile Dauphin

Centre de recherches historiques
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