1918 |

1918-003

Guy de Place

Dimanche 6 janvier 1918

Lettre de Guy de Place (mobilisé) à Jacques Meng (Fellering)

Dimanche 6 janvier 1918

Dimanche 6 janvier 1918

Dimanche 6 janvier 1918

Reçu le 14 Janvier 1918
Répondu le 28 Jan
vier 1918

secteur postal 21 le 6 janvier 18

Mon cher Monsieur Meng

Par suite de deux déplacements successifs j’ai reçu ce matin seulement votre lettre du 21 décembre. Mon adresse actuelle est Capitaine de Place, état Major de l’artillerie sp. 160 21 vingt et un.

En ces jours de fête je pense particulièrement à vous et à tous ceux qui sont restés là-bas. Veuillez conserver pour vous et les vôtres et transmettre à tout notre personnel, particulièrement à celui qui nous montre en ce moment un dévouement très méritoire tous les vœux que je fais pour leur santé, pour leur avenir, dans l’espoir de revivre au plus tôt avec eux des jours meilleurs. Ma pensée les accompagne spécialement dans ces dernières semaines au cours desquelles, par les journaux comme par vous j’ai appris la situation plus pénible qui leur est faite.

Veuillez dire à M. Zwingelstein que je le prie de faire expédier les caisses qui étaient chez Madame Lauth1, chez moi à Paris. Les tableaux2 par grande vitesse, après les avoir emballés et après avoir bien rembourré les coins de cadre, éventuellement collé des bandes de papier sur les verres pour qu’ils ne cassent pas en route. Est-ce que le bureau de mon fumoir n’était pas aussi dans cette cave. Si oui, le mettre à [Urbeis3]. [Expédiez] d’abord les tableaux. S’il y a des caisses renfermant autre chose que les tableaux, m’en informer avant de faire l’expédition.

Faire droit à la demande de Tschirret.

Il faut que M. Zwingelstein voit Wesserling : nous ne pouvons pas admettre ce prix de [tares]. Il faut leur présenter cela comme une erreur évidente, et comme n’ayant pas été fait exprès par eux.

Affaire Langjahr4. Puisque M. Meyer est à Bâle, dites lui qu’il faudra écrire mais dans le sens suivant : nous vous communiquons la correspondance échangée avec M. Langjahr sur tel sujet ; tout en admettant que M. Langjahr ne le croie pas autorisé à payer les factures que nous lui avons présentées, nous estimons que la courtoisie correction constante de nos relations avec tous nos clients, aurait justifié dans la réponse des termes plus courtois. La manière de voir Nous sommes en droit de ne pas partager la manière de voir de M. Langjahr, le traitement que nous avons fait subir à la marchandise détruite par le bombardement ayant donné une plus value à celle-ci, il est parfaitement admissible que la solution logique soit que le propriétaire du tissu fasse la demande [directement] pour dégâts de guerre en tenant compte de cette plus value. Cette manière de voir a d’ailleurs été déjà admise et elle est d’autant plus normale que n’étant pas propriétaire de la marchandise il nous sera difficile d’invoquer les dommages. Quoiqu’il en soit, ne tenant pas à continuer avec M. Langjahr la conversation sur le ton qu’il a pris lui-même nous voulons simplement par la présente, en votre qualité de président du conseil, réserve faite sur le fond même de la lettre de M. Langjahr, vous proposer de remettre à plus tard le règlement de cette affaire dans l’espoir qu’elle se règlera au mieux des intérêts de tous et avec la conviction que nous la traiterons dans les conditions d’absolu confiance et de courtoisie qui ont toujours été d’usage entre nos maisons. Nous prenons note d’ailleurs que de l’aveu même de M. Langjahr il n’est pas autorisé d’une manière normale à traiter au nom de votre Société.

Je compte sur vous pour rédiger cela sur le ton le plus aimable, dans le sens ci-dessus.

Vous devez être dans la Neige. Je souhaite que la population ne souffre pas trop du froid.

Ma procuration sera-t-elle bientôt rédigée ? Il m’arrive une aventure bien désagréable, surtout pour vous : J’ai reçu les bordereaux au cours de mon déplacement, je les ai signés, mis sous enveloppe, mais n’ai pu les expédier : je les avais donc rangés dans ma cantine qui m’accompagnait. Celle-ci est pour le moment égarée au chemin de fer et je ne l’ai pas encore retrouvée.

Bien cordialement à vous et aux vôtres.

GP

Notes

1  Probablement Berthe Scheurer, épouse d’Auguste Lauth.

2  Voir la liste des tableaux dans les « papiers et documents divers ».

3  Urbeis, dans le Bas-Rhin (arrondissement de Sélestat).

4  En marge, de la main de M. Meng : « M. Meyer 26.1.18 ».


Notice bibliographique

D’après l’original


Pour citer ce document

Guy de Place, «Dimanche 6 janvier 1918», correspondancefamiliale [En ligne], 1918, 1910-1919, Correspondance familiale,mis à jour le : 05/11/2015

Danièle Poublan

Cécile Dauphin

Centre de recherches historiques
EHESS
54 boulevard Raspail
F-75006 Paris