1812 |
1812-27
Alphonsine Delaroche (épouse Duméril)Mercredi 28 octobre 1812
Lettre d’Alphonsine Delaroche (Paris) à son mari André Marie Constant Duméril (Orléans)
215 T
Paris 28 Octobre 1812
Si tu as éprouvé quelque plaisir bon ami à recevoir une lettre de moi, écrite la veille j’ai bien éprouvé la même sensation ; je n’en revenais pas d’avoir déjà une réponse à ma lettre, et il me semble presque t’avoir déjà là, en te sentant aussi près de moi ; cependant je trouve bien que lorsque tu y seras réellement, et que je recevrai tes caresses, et que tu bien recevras les miennes, ce sera bien plus doux encore. D’après le bon effet qu’Henry1 parait compter que fera sur nous la propreté de notre appartement, il parait qu’il s’est bien évertué à le bien nettoyer et ranger de partout, et que la cuisine n’a pas été plus oubliée que tout le reste, ce qui me fait grand plaisir, car la molle fanchette2 ne l’avait guère laissée plus propre qu’elle ne la tenait ordinairement ; Tu trouveras là, la cuisinière tout établie puisque elle y demeure depuis quinze jours. Puisque tu crois arriver samedi matin, je t’attendrai ici rue favart3 pensant qu’il sera plus prudent de faire la course avec toi, puisque la secousse du trajet, un peu plus de fatigue que je prendrai nécessairement ce jour-là, pourraient déterminer l’accouchement à mon arrivée chez moi. Ce serait bien joli que tu arrivasses assez tôt pour venir déjeuner avec nous à 10 heures ou 10 heures et demie qui est le moment accoutumé ; Je ferai préparer à dîner à l’Estrapade où nous retournerions dans la matinée. Je compte régler mes comptes avec Papa vendredi dans la matinée journée, et envoyer tous nos paquets par la bonne4 samedi de bonne heure. Mes Parents veulent que je te dise qu’il faut qu’ils t’aiment autant qu’ils le font pour se réjouir de ton retour, puisque tu viens leur enlever leur enfant, et puis ce petit Constant5, dont le mouvement et le bruit fatiguent par moments, mais dont l’heureux naturel et les jolies manières leur donnent bien des jouissances. J’ai joui bien vivement d’être ainsi entourée et soignée pendant ton absence, et ce temps de réclusion aussi complète.
Je te remercie cher ami des détails que contiennent tes lettres sur la manière dont tu passes ton temps. Je suis bien aise pour toi que tu n’aies dîné chez aucun de ces Ostrogoths de Tours ; et que tu aies été accueilli d’une manière aussi aimable chez le Préfet6 de cette ville. M. Bretonneau est bien aimable d’avoir pensé à faire ce joli petit Diable pour Constant ; il se réjouit de le voir mais craint dit-il de ne pas savoir jouer. J’ai bien du regret de n’avoir pas pensé à t’engager dès ton passage ici à mettre un mouchoir entre ta peau et ton gilet, cette éruption aurait peut-être moins duré, et je suis étonnée que tu ne l’aies pas fait plus tôt, car tu t’en étais bien trouvé l’année dernière. J’espère que tu vas revenir avec une bonne mine de santé. Je crois que tu seras content de celle de ton fils.
Si tu étais arrivé un peu plus tôt tu aurais peut-être été invité au dîner de noce de F. Delessert7 qui aura lieu vendredi, et dont seront Papa et françois8. Le mariage se fait chez eux à Passy. Il y a quelques jours que j’eus visite de M. et Mme Dumont9. Je crois connaître que le plus d’accord de leur ménage a continué. Adieu bien cher, bien bon ami, j’ai été assez bien tous ces jours. A samedi ; C’est bien joli de penser que dans trois jours je te reverrai et te garderai cette fois ; Je t’embrasse avec la plus vive tendresse.
Annexes
Notes
Notice bibliographique
D’après l’original (il existe également une copie dans le livre des Lettres de Monsieur Constant Duméril à sa femme, p. 137-140)
Pour citer ce document
Index
Compléments historiographiques
Cécile Dauphin
Centre de recherches historiques
EHESS
54 boulevard Raspail
F-75006 Paris