1877 |

1877-004

Charles Mertzdorff

Jeudi 18 janvier 1877

Lettre de Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) à sa fille Marie Mertzdorff (Paris)

Jeudi 18 janvier 1877

Jeudi 18 janvier 1877

Ma chère Marie.

Ma dernière lettre était si courte & si insignifiante, ne te parlant que de mon aventure de clef, fort désagréable & que je ne m’explique que péniblement. Les journées se passent si vite que je me demande toujours comment il se fait que je ne suis pas plus avancé dans tout ce que je voudrais faire.

Nous voici avec un froid qui n’est pas agréable malgré ce beau soleil ; nous avions ce matin - 5 ° hier - 3 ° mais dans la journée il ne fait pas froid.

Jusqu’à ce jour, je n’ai récolté que de pauvres petites informations sur la soirée Berger1. Il y avait environ 30 danseuses, quelques Demoiselles Oberbruck, Cernay, [Thann] etc. beaucoup de jeunes dames. Les petites amies2 étaient à leur avantage en robes de mousseline blanche avec pois noirs, tu vois très modestes.
D’après Georges Duméril c’est mlle Mairel3 qui était la reine du bal, tant par sa toilette gracieuse & de bon goût que par d’autres avantages. Cependant Mlles Gros4 de Cernay étaient les plus jolies.

Ma tante Georges5 à force de supplications a assisté à la soirée elle ne s’est retirée que vers 11h tandis que les intrépides ont dansé jusque vers 5h du matin.
Tout s’est très bien passé, l’on a dansé au piano, qu’un artiste de Mulhouse & quelques Dames s’alternant ont tenu. L’on s’est très bien amusé, M. & Mme Léonce6 y étaient.

Mme Berger avec ses demoiselles7 va passer quelques jours à Epinal, la maman logeant chez sa sœur8, ses enfants probablement faute de place chez les Stoecklin9 ; mais l’on sera rentré pour samedi 3 février bal au grand Cercle de Thann où l’on compte de nouveau danser. Les Henriet n’étaient pas à la soirée Berger, ces pauvres jeunes filles10 ont réellement trop peu de distractions.

Hier j’étais à Mulhouse dès le matin. J’ai passé ma matinée chez le Notaire que j’ai quitté peu content & suis arrivé à midi chez Mme Stackler11 avec Léon12, l’on ne nous attentait pas de sorte que le dîner s’est fait un peu attendre. Mme Stackler ne va pas trop mal, malgré une sciatique à la jambe elle était sortie & n’était pas encore rentrée lorsque nous nous sommes présentés chez elle à midi. Marie13 n’a pas tout à fait bonne mine elle est un peu pâle mais cela ne l’empêche pas d’être bien gaie causant très agréablement malgré sa voix un peu rauque. Nous sommes restés si longtemps auprès de ces Dames, qui ont avec elles une amie14 de la Maman chez elles, que nous n’avons eu qu’un tout petit bout de Bourse.
J’ai terminé mon séjour à Mulhouse par une visite aux Miquey15, qui sont toujours charmants pour tous.

Je viens de lire la bonne lettre d’Emilie16 je l’en remercie, à peine lu elle passe au moulin, bon-papa17 vient de rentrer de sa promenade et l’a mise en poche.

Il est midi, j’écris aussi vite qu’il m’est possible & déjà l’heure de te quitter c’est désolant. Et pourquoi, parce que mon notaire de Mulhouse m’a signalé une grosse difficulté & que j’étudie le code allemand avec ses commentaires, & comme je ne suis très fort ni en code ni en allemand je me donne beaucoup de mal pour ne pas aller vite en besogne. Il faudra même que je me procure encore quelques livres pour cet objet. j’y passerai mes soirées.

Les changements de maison n’avancent que pianissimo. Ma future bibliothèque va être achevée, ce ne sera pas trop mal, ce sera très petit, mais enfin je pense que toutes mes petites affaires y entreront.

Ces dames Stackler doivent, sur mon insistance, venir lundi prochain [  ] un peu s’entendre sur les changements à faire à la maison, trouvant que les architectes improvisés ne pensent pas assez aux placards.

Je te charge d’embrasser tante & Oncle18 & sœur de la part de ton père qui t’aime
ChsMff
Jeudi 18 Janvier 77.

Notes

1  Soirée chez Louis Berger et son épouse Joséphine André.

2  Marie et Hélène Berger.

3  Fanny Mairel.

4  Il y quatre sœurs Gros, âgées de 28 à 15 ans : Lucile, Blanche, Suzanne et Clémentine.

5  Elisabeth Schirner, épouse de Georges Heuchel.

6  Léonce Berger et son épouse Julie André.

7  Marie, Hélène et leur jeune sœur Julie Berger.

8  Marie André, épouse d’Antoine Albert Deguerre.

9  probablement Jean Stoecklin et son épouse Elisa Heuchel.

10  Gabrielle et Jeanne Henriet, filles de Louis Alexandre Henriet et Célestine Billig.

11  Marie Stéphanie Hertzog, veuve de Xavier Stackler.

12  Léon Duméril.

13  Marie Stackler, fiancée de Léon Duméril.

14  Hypothèse : Clémentine Oberlé ?

15  Étienne Miquey et son épouse Joséphine Fillat.

16  Emilie Mertzdorff, sœur de Marie.

17  Louis Daniel Constant Duméril.

18  Aglaé Desnoyers et son époux Alphonse Milne-Edwards.


Notice bibliographique

D’après l’original


Pour citer ce document

Charles Mertzdorff, «Jeudi 18 janvier 1877», correspondancefamiliale [En ligne], Correspondance familiale, 1870-1879, 1877,mis à jour le : 21/09/2018

Danièle Poublan

Cécile Dauphin

Centre de recherches historiques
EHESS
54 boulevard Raspail
F-75006 Paris