1814 |
1814-14
Alphonsine Delaroche (épouse Duméril)Mardi 25 octobre 1814 (B)
Lettre (incomplète) d’Alphonsine Delaroche (Paris) à son mari André Marie Constant Duméril (Orléans)
230 C
1812 18151
Continuation de la lettre remise à M. Valet.
25 Octobre
Je vais commencer mon bon ami par te raconter le propos que nous tînt hier ton fils2, à maman3, ma tante et moi, nous parlions de Mme Varnier4 et de sa manière de se mettre, disant qu’elle était toujours mise d’une manière convenable pour son âge et avec assez de goût ; alors Constant, qui tu sais, écoute tout ce que l’on dit, se mit à dire d’un air fort drôle et qu’il aurait fallu voir, Oui, mais nue elle doit avoir un bien drôle d’air. Je crois que si tu t’étais trouvé là tu aurais bien ri avec nous. Ce qui est fâcheux chez M. ton fils c’est qu’il prend beaucoup de dégoût pour l’obéissance, et sans faire de grandes sottises il est ennuyeux toute la journée par mille petites bêtises ; et je ne sais comment m’y prendre pour changer sa manière d’être. Je crois bien qu’un des grands moyens sera plus d’occupations ; et plus souvent, si la chose est possible, la société d’enfants de son âge.
J’ai reçu l’autre jour un billet de M. Brongniart5, pour me renvoyer le 1er volume du Robinson suisse6 que nous lui avions prêté et en redemander d’autres. A la fin du billet il y a cette phrase pour toi « Duméril est-il revenu ? Comment se porte-t-il ? La société va reprendre ses séances et j’espère que nous nous y verrons. » J’ai répondu un mot, et j’ai mis quelque chose d’obligeant de ta part. J’ai souvent des billets à écrire, et quelques-uns ne laissent pas que de me coûter. On en est dédommagé de la peine quand ce qu’on écrit produit l’effet qu’on en attend ; J’eus avant-hier la visite du candidat recommandé par M. DeFrance de Caen7, il venait me remercier du bon effet qu’avait produit ma lettre à M. Chaussier. Il paraît que ce dernier a tout de suite pris en considération la recommandation, et a traité le dit candidat avec beaucoup de douceur pendant tous les examens ; aussi ce Caennais avait l’air très reconnaissant, et très content de lui-même et du président du jury.
J’ai oublié de te raconter que j’eus le lendemain de ton départ la visite de Mme Acloque et de sa fille aînée qui apporta à Constant des dragées du baptême de sa sœur. Dimanche nous avons eu une longue visite de Mme Torras8 qui nous raconta que M. De Candolle avait été de retour à Montpellier hier pour le passage de Monsieur9 ; le préfet10 ayant dit que certainement ce prince irait visiter le jardin des plantes, on y a fait toutes sortes de préparatifs, entre autres un arc de triomphe. Toute la société de Madame De Candolle vint se promener dans le jardin, et elle passa la journée à la recevoir et à se promener avec elle ; on attendit inutilement, le comte d’Artois quitta Montpellier sans aller au jardin des Plantes ; Il paraît qu’ils ont été très désappointés de ce mécompte. M. De Candolle a rapporté de Genève un portrait au crayon extrêmement ressemblant de son fils Alphonse. Cet enfant a pourtant montré de la sensibilité au départ de son père, il paraît qu’il a beaucoup pleuré. Nous avons eu hier la visite des dames Say au second déjeuner, et nous devons la leur rendre demain à la même heure. Il paraît qu’Adrienne11 a eu beaucoup de succès en Angleterre, ou du moins il paraît sa mère s’en flatte. Cela me fait une peine extrême pour son bonheur.
Notes
Notice bibliographique
D’après l’original (il existe également une copie dans le livre des Lettres de Monsieur Constant Duméril à sa femme, p. 134-136).
Pour citer ce document
Index
Compléments historiographiques
Cécile Dauphin
Centre de recherches historiques
EHESS
54 boulevard Raspail
F-75006 Paris