1878 |

1878-088

Charles Mertzdorff

Lundi 11 novembre 1878 (A)

Lettre de Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) à sa fille Marie Mertzdorff (Paris)

Lundi 11 novembre 1878 (A)

Lundi 11 novembre 1878 (A)

Vieux-Thann Lundi le 10 9bre 781

Ma chère Marie

Comment se fait-il que je ne vous aie pas écrit hier dès mon arrivée.
Mon voyage s’est bien passé, j’ai rencontré à la station le fils Flühr2 qui rentrait, nous avons fait voyage ensemble avec 3 autres voyageurs.
J’ai pas mal su dormir aussi n’étais-je pas fatigué en arrivant ici. Il a fait froid mais grâce à ma couverture je n’en ai pas souffert & ce matin suis parfaitement dispos ; me suis même levé de bon matin à la lumière, c’est te dire que ma fatigue du voyage est loin.

En arrivant j’ai trouvé M. Jaeglé3 qui passe son dimanche matin au bureau. je n’arrive plus qu’à 11 h du matin à la maison de sorte que pour peu que l’on se laisse aller à causer un peu, il est l’heure de Dîner.

Léon4, sa femme & Mme Stackler5 ont passé leur dimanche à Mulhouse. Hélène6 par contre a été confiée à bonne-maman7 du Moulin, ce qui n’a pas fait de chagrin comme tu penses.
L’on est rentré qu’à 6 ½ h du soir j’ai trouvé bonne mine à Marie & quant à Hélène elle est charmante comme vous le savez, la voilà qui sait possède déjà quantité de petits talents dire Papa etc... elle est très gaie & ne pleure jamais, c’est bien signe de bonne santé.
Bonne-Maman va bien & lui ai trouvé une bonne figure reposée, quant à bon-papa ses longues promenades lui réussissent bien.

Le haut des montagnes est neigeux mais rien en plaine sauf dans les environs de Belfort où l’on voit quelques petits amas de neige & un peu de glace.
Hier la journée était belle mais je n’en ai pas su profiter étant trop content de me trouver dans mes pantoufles. Cette nuit un vent très désagréable m’a empêché de m’endormir aussi vite que je l’aurais voulu, & m’a réveillé dès 5 h du matin. Aussi faut il s’attendre à de la neige. La rivière n’est pas forte par la neige sur les hauteurs, l’Eau au contraire diminue, nous n’avons donc rien à craindre de ce côté pour le moment.

Je n’ai pas encore fait mon tour de fabrique voulant d’abord vous donner de mes nouvelles avant de m’aventurer car il se pourrait bien qu’il n’en fût plus temps après.
Ce qui m’a fait fort étonné c’est qu’à Vieux-Thann quantité considérable d’ouvriers ont fait prendre des billets de loterie & l’on m’assure qu’à Bâle le billet fait prime & qu’il se vend 2.50 au lieu de 1 F. Je ne m’étonne plus que l’on n’arrivait pas à imprimer assez de ces bienheureux billets.
signe du temps !

M. legay8 est de retour depuis jeudi dernier je ne l’ai pas encore vu.
Rien de désagréable à la fabrique si ce n’est qu’il s’agit pour le moment de ralentir un peu le travail faute de pièces.

Je n’ai pas encore distribué les paquets que vous avez bien voulu me confier, j’ai cependant déjà confié à Hélène que je lui portais un gros paquet ce qui l’a fait bien rire, il est vrai que comme sa Marraine9 elle rit toujours.

Je m’arrête il est déjà 9 h & je vais sortir de mon bureau. vous embrassant comme je vous aime
votre père
ChsMff

Ce matin avant midi je voudrais encore voir Oncle Georges10 & de suite après le dîner aller au Moulin.

Notes

1  Papier à en-tête professionnel. Le 10 novembre est un dimanche.

2  Xavier Flühr ou son frère Nicolas Gustave Flühr.

3  Frédéric Eugène Jaeglé.

4  Léon Duméril, époux de Marie Stackler.

5  Marie Stéphanie Hertzog, veuve de Xavier Stackler.

6  La petite Hélène Duméril.

7  Félicité Duméril, épouse de Louis Daniel Constant Duméril (« bon-papa »).

8  Probablement Eustache legay.

9  Emilie Mertzdorff, sœur de Marie.

10  Georges Heuchel.


Notice bibliographique

D’après l’original


Pour citer ce document

Charles Mertzdorff, «Lundi 11 novembre 1878 (A)», correspondancefamiliale [En ligne], 1870-1879, Correspondance familiale, 1878,mis à jour le : 31/07/2018

Danièle Poublan

Cécile Dauphin

Centre de recherches historiques
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