Lundi matin

Ma chère petite Marie

Je suis si contente, si contente que je ne veux pas attendre jusqu’à mercredi pour te le dire quoique tu puisses facilement le deviner. J’ai trouvé chez Paulette1 la fameuse réponse et tu penses avec quelle joie je l’ai lue et avec quelle satisfaction j’ai publié ton succès pour ton honneur et pour celui du cours. Maman2 est bien contente et me charge de te faire tous ses compliments. Moi, je suis enchantée pour toi qui avais si bien travaillé, pour ta tante3 parce que je l’aime beaucoup et aussi pour ton papa4 qui a dû être si heureux. Paulette m’a donné hier tous les détails de votre arrivée au Luxembourg et de la manière dont vous avez su la bonne nouvelle, il paraît que M^lle des Essarts était rayonnante, cela ne m’étonne pas.

A Mercredi mes bonnes amies5 et à Vendredi. Je voudrais bien vous voir plus et plus longtemps et je suis presque jalouse de Paulette sur ce point. Mais vous savez que l’affection ne se mesure pas au temps qu’on passe ensemble. Je t’embrasse bien fort ma chère Marie et toi aussi ma chère petite Emilie ; nous allons marcher sur les traces de notre digne aînée, n’est-ce pas ? Ce ne sera sans doute pas cette semaine car je n’ai pas commencé mes devoirs écrits, je me console en pensant qu’Emilie et Paule doivent être à peu près dans le même cas. Je vous quitte pour travailler en vous embrassant encore bien tendrement.

Votre amie très contente
Henriette Baudrillart