1880 |

1880-04

Cécile Milne-Edwards (épouse Dumas)

Lundi 12 janvier 1880 (A)

Lettre de Cécile Milne-Edwards (épouse de Ernest Charles Jean Baptiste Dumas) (Cannes) à Marie Mertzdorff (Paris)

Lundi 12 janvier 1880 (A)

Lundi 12 janvier 1880 (A)

Je n’attendais pour t’écrire, ma chère fillette que la nouvelle de ta décision définitive1 & voilà ta lettre qui me la donne. Je t’avoue que je la prévoyais bien cette décision d’après de que ta tante2 m’avait écrit & je pensais même qu’elle ne tarderait pas. Je suis bien heureuse que tu envisages avec tant de calme & de sérénité ce grand changement de ta vie & que M. de Fréville t’inspire cette affection confiante qui est la meilleure de toutes & le plus sûr garant de ton bonheur à venir. M. de Fréville a pu voir de suite les bonnes & aimables qualités que tu montres à tous & puis, petit à petit, il en découvrira d’autres encore (c’est peut-être déjà fait) non moins bonnes & plus charmantes peut-être que tu gardes pour les privilégiés & si tu trouves que Dieu te traite en enfant gâtée, je crois qu’il a de son côté d’excellentes raisons pour penser qu’il est traité de même, ma bien chère enfant.

Jean3 a été très sensible à ta lettre aussi vient-il de s’enfermer dans sa chambre en me priant de ne lui donner aucun conseil pour te répondre ; tu penses si j’ai acquiescé à sa demande ! il va t’envoyer une épître en règle car il y a déjà longtemps qu’il s’est retiré dans ses domaines, il est vrai que le cas est exceptionnel & ne se représentera pas de sitôt.

Lundi soir. Mme Violet4 qui est ici depuis ce matin, a interrompu ma lettre qui ne pourra plus partir aujourd’hui, voudras-tu dire à ta tante que je lui répondrai bientôt, que J. a eu fluxion fièvre etc. etc. & qu’en somme voici 8 jours qu’il ne fait rien, je pense qu’il pourra sortir demain & reprendre ses chères études.

Adieu ma chère enfant, je t’embrasse bien tendrement ainsi qu’Emilie5 à qui je pense beaucoup aussi, oui certainement je voudrais être à Paris & je me fais mal à l’idée que lorsque nous reviendrons, peut-être ne seras-tu plus Marie Mertzdorff, mais comme je suis bien sûre de te retrouver toujours ce que tu es en réalité [, ce] que je regrette c’est de ne pas connaître M. de Fréville et d’en être réduite à faire de lui un idéal, [ce] que je peux [pourtant] faire de loin c’est apprécier les qualités qu’il a & dont [ta] bonne tante m’a parlé déjà à plusieurs reprises. Charge-toi [je te] prie de mes amitiés & tendresses pour ta tante & ton oncle6. Je pense que ton père7 est encore avec vous et lui envoie un affectueux souvenir et tous mes compliments.
CD

Notes

1  Marie Mertzdorff est fiancée à Marcel de Fréville depuis le 7 janvier. Cette lettre non datée a probablement été écrite le lundi suivant.

2  Aglaé Desnoyers, épouse d’Alphonse Milne-Edwards.

3  Jean Dumas. Voir la lettre suivante.

4  Cécile Zoé Duquenne, épouse de Paul Violet ?

5  Emilie Mertzdorff, sœur de Marie.

6  Alphonse Milne-Edwards, frère de la signataire.

7  Charles Mertzdorff.


Notice bibliographique

D’après l’original


Pour citer ce document

Cécile Milne-Edwards (épouse Dumas), «Lundi 12 janvier 1880 (A)», correspondancefamiliale [En ligne], Correspondance familiale, 1880-1889, 1880,mis à jour le : 19/02/2019

Danièle Poublan

Cécile Dauphin

Centre de recherches historiques
EHESS
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