1880 |

1880-71

Marie Mertzdorff (épouse de Fréville)

Samedi 31 juillet 1880

Lettre de Marie Mertzdorff (épouse de Marcel de Fréville) (Villers-sur-mer) à son père Charles Mertzdorff (Vieux-Thann)

Samedi 31 juillet 1880

Samedi 31 juillet 1880

Villers 31 Juillet 1880.

Mon cher Papa,

Merci mille fois de ta bonne lettre qui nous est arrivée bien exactement le lendemain du jour où tu l’avais mise à la poste ; je vois avec plaisir que tu te portes bien mais ce qui m’enchante moins c’est la pensée que peut-être tu renoncerais au commencement du voyage en Suisse, j’espère encore qu’il n’en sera rien car je suis sûre que cela désolerait Émilie1 ; elle m’en parlait dans sa dernière lettre ne sachant pas encore que tu en avais sérieusement l’idée.

Vieux-Thann doit être assez désert en ce moment ; bonne-maman2 me dit que Mme Berger3 est partie en Suisse avec Charles4 et Marthe5 ; ils étaient donc malades ?

Il y a longtemps que tu ne m’as parlé de la santé de Thérèse6 j’en conclus qu’elle va bien ; je voulais te demander à ce propos si tu avais écrit au dépôt des eaux de Vichy boulevard Montmartre pour indiquer la source que tu voulais ; tu sais que Marcel7 a payé déjà les 50 bouteilles et qu’après avoir reçu ton avis on doit de suite te les expédier. Ici nous continuons à nous porter admirablement bien ; l’air de la mer nous brunit et nous donne très bonne mine. Cette semaine malheureusement le soleil nous a moins favorisés qu’à notre arrivée le ciel est gris et tous les jours nous voyons tomber une bonne petite averse. Cela ne nous empêche pas de sortir et de faire de jolies promenades ; sans aller loin nous trouvons des endroits charmants et jusqu’auprès de la mer la végétation est superbe. Marcel a toujours un goût prononcé pour la pêche ; dès qu’il peut il part avec son panier et son grand filet et revient chargé de crevettes et de petits poissons ; la mer depuis 2 jours défend malheureusement la vie de ses petits habitants, les vagues sont trop fortes pour permettre aux pêcheurs de pousser leur filet, et il faut renoncer à manger des crevettes. Marcel se console de ce mauvais temps en travaillant beaucoup, il s’est installé une sorte de cabinet de travail dans une des chambres du haut de la maison qui ne nous servent pas et là il peut étaler à son aise tous ses papiers de la Cour ; moi j’écris et je travaille à côté de lui ayant sous les yeux la mer et la côte du Havre. Je ne sais si je t’avais dit que nous pensions un peu au commencement de la semaine à aller passer une journée au Havre mais pour le moment nous avons renoncé à ce projet et nous nous contentons de l’admirer d’ici lorsque le temps est clair.

On a toujours de bonnes nouvelles d’oncle8 ; j’ai même reçu une lettre de lui mise à la poste en Espagne, qui m’a fait bien plaisir. Il reviendra je crois au commencement de la semaine prochaine.

Adieu, mon cher petit Père, je t’embrasse bien bien fort. Marcel se joint à moi pour t’envoyer toutes sortes de bonnes amitiés. Nous trouvons bien gentil que tu adresses toujours tes lettres à nous deux.
Marie

Notes

1  Emilie Mertzdorff, sœur de Marie.

2  Félicité Duméril épouse de Louis Daniel Constant Duméril.

3  Joséphine André, épouse de Louis Berger.

4  Charles Berger.

5  La sœur de Charles : Marthe/Julie Berger ?

6  Thérèse Neeff, bonne de Charles Mertzdorff.

7  Marcel de Fréville, époux de Marie Mertzdorff.

8  Alphonse Milne-Edwards, en expédition scientifique de dragage sur Le Travailleur.


Notice bibliographique

D’après l’original


Pour citer ce document

Marie Mertzdorff (épouse de Fréville), «Samedi 31 juillet 1880», correspondancefamiliale [En ligne], 1880, 1880-1889, Correspondance familiale,mis à jour le : 24/06/2019

Danièle Poublan

Cécile Dauphin

Centre de recherches historiques
EHESS
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