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1880-1881 – Les explorations scientifiques du Travailleur

Les lettres de juillet 1880 se font l'écho du voyage d'exploration scientifique entrepris par Alphonse Milne-Edwards à bord du Travailleur. Le récit de l'expédition de l'année suivante est publié par le docteur Henri Viallanes sous la rubrique « zoologie » de La Revue Scientifique de la France et de l'étranger : revue des cours scientifiques (janvier 1882) : « Les dragages du Travailleur en 1881 » (article consultable sur Gallica : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k2150984/f181.image.r=travailleur).

Le Travailleur est un petit bâtiment de guerre servant à escorter des convois navals, construit à Lorient en 1864. Cet aviso à roues pourvu d'une machine à vapeur est mis à la disposition de l'exploration scientifique par la marine nationale en 1880. Sur le pont, une chaudière locomobile de 16 chevaux actionne un treuil à vapeur destiné à remonter les engins (drague et  chalut). Le but des missions est de rapporter les animaux des grandes profondeurs et d’étudier les conditions physiques dans lesquelles ils vivent.  

L'expédition de juillet 1880 est placée sous la direction de Léopold de Folin, à la tête d'une équipe de 8 scientifiques dont Alphonse Milne-Edwards et deux britanniques pour l'exploration de la fosse du Cap Breton. Le Travailleur est réutilisé en 1881 et en 1882 dans l'Atlantique et en Méditerranée pour des explorations géologiques, biologiques et hydrologiques. Ces expéditions permettent de rassembler par dragage de nombreux échantillons d'animaux (poissons, crustacés, mollusques, échinodermes, zoophytes) recueillis jusqu'à 5 000 mètres de profondeur.

L'article du docteur Henri Viallanes précise :
« En 1880, M. le ministre de la marine, d’accord avec son collègue de l’instruction publique, résolut d’organiser aussi en France une expédition chargée d’explorer les grands fonds sous-marins. Comme lieu de recherches, le golfe de Gascogne était naturellement indiqué ; ce point n’avait pas été fouillé par les croisières anglaises ; de plus, un naturaliste français, M. de Follin, bien que n’ayant à sa disposition que des moyens d’action fort restreints, avait montré combien celle région fournirait une ample récolte aux naturalistes qui pourraient y draguer avec un outillage convenable.
M. le ministre de l’instruction publique forma à cet effet une commission ; M. Henri Milne-Edwards comme président devait organiser la mission, MM. Alphonse Milne-Edwards, de Follin, Vaillant, Marion, Fischer et Perrier (de Bordeaux) devaient prendre la mer. M. le ministre de la marine affecta à cette campagne l’aviso le Travailleur, commandé par M. Richard, lieutenant de vaisseau.
Durant tout le mois de juillet 1880 de nombreux dragages furent exécutés dans le golfe de Gascogne. Les résultats de cette première campagne furent si heureux que M. le ministre de la marine résolut d’en organiser une seconde en 1881 ; cette fois l’expédition avait pour but l’étude des grands fonds de la Méditerranée. Cette mer n’avait été en effet jusqu’à présent que peu explorée, et les résultats contradictoires obtenus par les naturalistes qui l’avaient successivement parcourue nécessitait que des recherches nouvelles fussent entreprises.
Les naturalistes qui devaient s’embarquer étaient MM. :
A. Milne-Edwards de l’Institut, vice-président.
de Follin, directeur du journal les Fonds de la mer.
L. Vaillant, professeur au muséum.
Ed. Perrier, professeur au muséum.
Marion, professeur à la Faculté des sciences de Marseille.
Fischer, aide-naturaliste au muséum.
M. le Dr Viallanes avait été adjoint à la commission à titre d’auxiliaire.
Le Travailleur fut de nouveau affecté à cette seconde campagne. M. Richard, lieutenant de vaisseau, en conservait le commandement. L’état-major comprenait MM. Jacquet et Villejente, lieutenants de vaisseau ; M. Bourget, enseigne, et M. le Dr Rangé, médecin de première classe. Le commandant et les officiers n’étaient pas seulement les collaborateurs les plus dévoués aux intérêts scientifiques, mais encore les hôtes les plus affables, et le souvenir de la si cordiale hospitalité que les membres de la commission ont trouvée à bord du Travailleur ne sera pas le moins durable de ceux qu’ils conserveront de cette campagne. »


Notice bibliographique


Pour citer ce document

, «1880-1881 – Les explorations scientifiques du Travailleur», correspondancefamiliale [En ligne], vie intellectuelle, Monographies, Compléments historiographiques,mis à jour le : 27/06/2019

Danièle Poublan

Cécile Dauphin

Centre de recherches historiques
EHESS
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