1881 |

1881-027

Marie Mertzdorff (épouse de Fréville)

Vendredi 22 avril 1881 (A)

Lettre de Marie Mertzdorff (épouse de Marcel de Fréville) (Paris) à son père Charles Mertzdorff (Vieux-Thann)

Vendredi 22 avril 1881 (A)

Vendredi 22 avril 1881 (A)

22 Avril

Mon cher Papa,

C’est ta fille tout à fait bien portante qui vient te voir aujourd’hui, me voilà maintenant aussi forte que jamais et je n’attends plus que les classiques 6 semaines pour reprendre ma vie ordinaire ; Jeanne1 aussi prospère, elle devient bien gentille quoiqu’elle soit encore assez mignonne pour son âge. Cette pauvre petite continue à avoir ses doigts un peu malades hier même elle a perdu un de ses petits ongles ce qui nous a ennuyés ; son doigt va mieux aujourd’hui, j’espère que bientôt tous ces petits bobos-là auront disparu.

J’ai été bien contente ce matin en recevant une lettre de bonne-maman2 qui me dit qu’elle veut bien ainsi que bon-papa venir habiter la modeste chambre que nous avons à leur offrir3. Vers quelle époque penses-tu qu’ils viennent à Paris ? Je te serais bien reconnaissante de me le dire à peu près lorsque tu m’écriras, car je commence à faire tous mes projets et mes listes de choses à exécuter ce printemps et afin de bien arranger mon temps je voudrais savoir à quel moment je dois conserver ma liberté.

Il est probable que Jeanne sera vaccinée la semaine prochaine, M. Bailly4 doit me prévenir quand il aura une séance ; ce seront quelques jours un peu difficiles et pénibles à passer ; heureusement qu’elle tète bien et que j’ai en abondance de quoi la satisfaire. Cette nuit cette chérie a dormi de 8h du soir à 4h du matin sans bouger, et c’est la même chose chaque nuit. Nous commençons à mettre les adresses de nos billets de faire-part de naissance et nous allons les envoyer ; connais-tu quelque personne qui ne soit pas sur notre livre et à qui tu désires apprendre l’arrivée de ta petite-fille ? Je te prie de vouloir bien demander la même chose de ma part à bonne-maman Duméril. Je n’ai aucune adresse du Havre mais du reste je ne comptais en envoyer qu’aux personnes que je connais, c’est-à-dire Mmes Delaroche5 et Young6.

Me voilà au bout de mon papier et il me semble mon Père chéri que je n’ai rien dit du tout ; ma vie est si calme que vraiment je ne puis en parler ; 5 grandes ½ heures chaque jour consacrées à la nourriture de Jeanne, me lever à 9h ; une ou 2 visites de famille dans l’après-midi ; lettres à papa et à Launay7 ; quelques modestes petits rangements de tiroirs où je ne retrouve plus rien et la nuit est là. J’oubliais de te parler des nombreuses minutes consacrées à regarder ma Jeannette et qui doivent vite faire des heures mises les unes au bout des autres.

Marcel8 est à la Cour ; il y va tous les jours en ce moment. Adieu, mon cher Papa, je t’embrasse de tout mon cœur comme je t’aime.
ta fille
Marie

Je t’envoie ce titre d’ouvrage que Marcel a trouvé dans un catalogue et qu’il a découpé pour toi pensant que peut-être cela pourrait t’intéresser.

Notes

1  Jeanne de Fréville née le 19 mars 1881.

2  Félicité Duméril, épouse de Louis Daniel Constant Duméril.

3  Dans le pavillon de la rue Cassette.

4  Le docteur Émile Bailly.

5  Céline Oberkampf, épouse d’Henri Delaroche.

6  Possiblement Jane Hayward, épouse d’Henri Edouard Young.

7  Launay où séjournent sa sœur et sa tante.

8  Marcel de Fréville.


Notice bibliographique

D’après l’original


Pour citer ce document

Marie Mertzdorff (épouse de Fréville), «Vendredi 22 avril 1881 (A)», correspondancefamiliale [En ligne], 1881, 1880-1889, Correspondance familiale,mis à jour le : 27/06/2019

Danièle Poublan

Cécile Dauphin

Centre de recherches historiques
EHESS
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F-75006 Paris