1791 |

1791-19

André Marie Constant Duméril

Mercredi 26 octobre 1791

Lettre d’André Marie Constant Duméril (Rouen) à son père François Jean Charles Duméril (Amiens)

Mercredi 26 octobre 1791

Mercredi 26 octobre 1791

Mercredi 26 octobre 1791

n°19

Rouen ce 26 8bre 1791

Papa,

Vous me demandez des nouvelles de M. Thillaye : en voici mais elles sont alarmantes, il est depuis dimanche dans un état de fièvre continue et très forte, d’accablement, qui l’altère, ce qu’il y a de pis c’est que lui-même s’abat et se désespère. Sa maladie n’est pas encore bien déterminée, les médecins sont en controverse : l’un dit que cela pourrait approcher de fluxion de poitrine avec une fièvre ; un autre, une fièvre bilieuse et l’un des chirurgiens, une espèce de fièvre putride. Toujours est-il que voilà une maladie qui sera longue : pourvu qu’elle finisse bien ! hélas ! Ce qui me fait le plus de peine c’est qu’il s’afflige et se décourage lui-même. Depuis trois jours il m’occupe à mettre ses papiers en état, ses livres, la note de ce qu’on lui doit ; enfin toutes choses comme cela. Hier, il m’appelle un moment et me prie de faire venir un confesseur et me dit vous connaissez tels et tels livres que je vous ai fait mettre de côté : c’est pour vous que je les destine, c’est pour vous remercier des peines que vous vous êtes données par rapport à moi. Le soir comme j’attribuais à la fièvre ce qu’il m’avait dit et qu’il ne voyait pas de confesseur il fit appeler madame1, je ne voulais pas qu’elle montât et cependant on ne put lui refuser : il la pria de vouloir bien faire venir le curé. Ce qui fut fait. Vous jugez que cela a fait une grande révolution à madame. La pauvre dame ! comme elle est changée que deviendrait-elle si elle était malade. J’ai besoin de raison et je n’en ai pas beaucoup. Le cours de mathématiques est commencé, je vois bien qu’il n’y en aura pas pour moi, s’il arrivait malheur, ah donnez-moi vos conseils.

M. Thillaye sachant que j’écris m’a prié de le faire savoir à M. D’Eu2, mais je n’ai pas un moment à moi, adieu.

Votre fils Constant Duméril

P.S. Je fais tout ce que je peux pour me rendre utile et je sens bien que je suis nécessaire, il faut voir tant de monde dans une boutique ! J’épargne le plus que je peux les pas de madame. Mme Thillaye n’est pas bien allante. Il est quatre heures du matin et il n’a pas encore fermé l’œil. Adieu je vous embrasse.

Notes

1 L’épouse de Jacques François René Thillaye, née Platel.

Notice bibliographique

D’après le livre des Lettres de Monsieur Constant Duméril, 1er volume, p. 70-72


Pour citer ce document

André Marie Constant Duméril, «Mercredi 26 octobre 1791», correspondancefamiliale [En ligne], Correspondance familiale, 1790-1799, 1791,mis à jour le : 18/09/2006

Danièle Poublan

Cécile Dauphin

Centre de recherches historiques
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