1842 |
1842-30
Auguste l’aîné DumérilMardi 6 septembre 1842
Lettre d’Auguste Duméril l’aîné (Lille) à son neveu Auguste (Paris)
De M. Auguste Duméril, Père
Voir Page 198 le 1er Septembre 1842
Lille le 6 Septembre 1842
Mon cher ami,
Je n’ai pas besoin de te dire que ta lettre m’a fait un grand plaisir. L’affection que je te porte est invariable : tu la dois à tes qualités personnelles ; à celles de ton frère1, qui rend sa femme si heureuse ; à des sentiments héréditaires, et à l’amitié que j’ai vouée à ton père2, dès mon enfance.
Ici, le calme est rétabli, et se maintiendra, j’espère. Eugénie prend patience : chaque jour après le dîner, quand le temps le permet, nous nous promenons dans la campagne : ces distractions sont nécessaires.
Nous attendons demain M. et Mme Lamarle, qui se proposent de passer trois grands jours à la maison. Adine3, sa gentille petite fille et sa bonne leur succèderont pour une quinzaine, j’espère. Ce sera encore là, si nous savons en profiter, des distractions fort agréables : les éléments de bonheur ne nous manquent pas. J’avais appris avec plaisir la promenade agréable que vous avez faite en famille, à Arras, et votre bon retour à Paris. Malgré les exaltations, votre départ avait laissé et laisse encore ici un vide immense, tu n’en doutes pas. Peut-on voir, en effet, des enfants plus intéressants, sous tous les rapports, que Caroline et Léon4 ? Leur père et mère sont très heureux, et je jouis bien pleinement de leur situation. Comme toi, mon cher ami, je désire voir ta situation s’améliorer promptement. Les sentiments que je te porte son invariables. Je te considèrerai toujours comme le troisième de mes fils ; mais le temps passe vite, je vieillis beaucoup, et il me tarde d’assurer l’avenir d’Eugénie, de jouir de son bien-être comme je jouis de ceux de son frère et de sa sœur. Quant à ma résidence à Paris, il ne faut plus y penser : celle de la campagne me conviendrait mieux cependant. Je marche avec quelque difficulté, ce qui n’est pas d’un bon augure, pour la réalisation du projet de m’y retirer.
Je connaissais la situation de M. Tarbé, dont la santé, dès l’époque du mariage d’Auguste5 a toujours été en déclinant. J’éprouve une véritable peine de la perte douloureuse que sa famille est menacée de faire : je ne pense pas qu’Adine soit informée de la situation véritable de son grand-père, et je me garderai bien de la lui faire connaître, pendant le séjour qu’elle va faire près de nous.
Mon fils6, par sa dernière lettre, m’a en effet, annoncé qu’il allait être chargé de travaux assez importants, et de différentes natures : l’un, relatif à la canalisation de la haute Scarpe7, et l’autre, de la partie du chemin de fer de Paris à la mer, qui se trouve comprise entre Arras et Béthune. Je ne pense pas, en raison de la triste situation des finances, qu’il soit possible d’entreprendre cette année l’exécution de ces projets, mais je suis persuadé qu’ils donneront lieu à des études dont le résultat pourra être fort utile à l’avancement de l’ingénieur qui en aura été chargé, et, sous ce rapport, je suis flatté que ton cousin ait été mis en évidence.
Adieu, mon cher ami, je t’embrasse de cœur et pour moi, et pour ta cousine, dont tu connais les sentiments d’affection. Je t’adresse des compliments de la part de ta tante8, et je te prie d’être auprès de mon frère et de ta mère9, l’interprète des sentiments d’affection de
Ton oncle
Je viens de recevoir une lettre de mon fils10 datée de Paris : J’étais loin de m’attendre aux nouvelles qu’il me donne, et que vous connaissez comme moi. J’espère, mon cher Auguste, que ton indisposition n’aura pas de suite, et que tu es parfaitement rétabli dans ce moment : il faut te ménager, mon ami, ne pas tant travailler : la santé passe avant tout, et la tienne intéresse tant de monde !
Je te renouvelle, pour toi et ton entourage l’expression de mon dévouement et de mon amitié.
Tout à toi
Notes
Notice bibliographique
D’après le livre de copies : lettres de Monsieur Auguste Duméril, 1er volume, « Lettres relatives à notre mariage », p. 194-198
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Cécile Dauphin
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