1795 |
1795-12
André Marie Constant DumérilVendredi 17 juillet 1795, 29 messidor an III
Lettre d’André Marie Constant Duméril (Paris) à son père François Jean Charles Duméril (Amiens)
n° 90
Paris le 29 messidor an troisième
Papa,
j'ai tant de remerciements à vous faire que je ne sais par lequel commencer. je vous l'avoue cependant, de tous les services que vous venez de nous1 rendre celui qui m’a fait le plus de plaisir, c'est celui que vous annoncez à Auguste, par la lettre qu'il a reçue hier. recevez-en ici l'expression de ma gratitude, je vous parle sincèrement.
nous avons reçu par une Dame dont le nom m'échappe, les Draps que maman2 a eu la complaisance de nous faire passer. les deux paires de neufs sont un peu étroits mais bons et propres nous ne les espérions pas aussi beaux.
j'ai reçu de mon cousin Dumont3 70ll et un torchon. quant aux torchons, nous vous les ferons repasser tous ensemble. j'attendrai votre réponse pour le renvoi de l'assignat.
vous devez bien croire que je ne perds pas ici mon temps. j'aurais dû plutôt vous rendre compte de la manière dont je l'emploie.
il m'eut été impossible de suivre avec fruit tous les cours4. je me suis donc borné seulement à quelques-uns d'eux et m'y livre de manière à en profiter. ce sont ceux de physique médicale5, de chimie6, d'accouchement7, de botanique8 & de pathologie externe9.
Quant au premier j'ai été assez distingué des professeurs pour qu'ils m'aient chargé plusieurs fois et hier encore de répéter aux élèves les principes qu'ils avaient établis. quant à celui de chimie, il ne présente pas tout l'intérêt qu'il devrait porter avec lui parce que les laboratoires destinés à l'instruction et dont je serai l'un des chefs ne sont pas encore prêts. le Citoyen Baudelocque qui continue les accouchements me témoigne toujours de l'amitié et je n'ai qu'à me louer de sa manière d'agir. vous dire qu'il y a cinq jours le Professeur de botanique m'avait écrit pour faire la leçon à sa place, c'est vous annoncer qu'il me connaît un peu. malheureusement sa lettre ne m'a pas été remise assez tôt. le professeur de pathologie externe m'a chargé de la préparation de ses leçons. je m'en acquitte assez bien, par amour-propre. mais j'y mets peu d'intérêt, parce qu'il n'en met pas lui-même.
Quoi qu'il en soit, vous devez voir par ces détails que je m'instruis d'une manière agréable et avantageuse tout à la fois. on avait destitué d'une manière injuste l'aide conservateur ces jours derniers. pour empêcher de crier à l'injustice contre le conservateur qui avait fait nommer son fils, il me proposa la place. vous devez bien sentir que je la refusai par délicatesse.
je sens le besoin de travailler et de me former un sort. soyez persuadé que sentant bien cette nécessité j'y emploierai tout ce qui sera en moi. trop heureux si nous pouvons vous rendre par un peu de satisfaction les sacrifices momentanés que nous vous occasionnons, et dont nous vous savons tout le gré possible.
votre fils Constant
Annexes
Notes
Notice bibliographique
D’après l’original (il existe également une copie dans le livre des Lettres de Monsieur Constant Duméril, 2ème volume, p. 12-14)
Pour citer ce document
Index
Compléments historiographiques
Cécile Dauphin
Centre de recherches historiques
EHESS
54 boulevard Raspail
F-75006 Paris