1858 |

1858-17

Félicité Duméril (épouse Duméril)

Lundi 21 juin 1858

Lettre de Félicité Duméril (Paris) à son amie Jeanne Target (épouse Desnoyers) (Paris), contenant la copie d’une lettre de sa fille (document 1858-16)

Paris 21 Juin 1858

Je vous envoie copie chère et excellente amie, de la lettre reçue hier de Caroline1 qui vous fera tout le plaisir qu'elle nous fait à nous-mêmes.

Strasbourg 19 Juin

Nous voici arrivés depuis huit heures, ma chère mère, et je profite d'un instant pour venir te raconter notre voyage qui s'est bien passé. J'ai eu encore le cœur fort gros comme tu le penses et cela a duré quelque temps mais Charles a été si bon, si charmant, a su si bien me faire comprendre ce que nous promettait de bonheur la vie que nous allons commencer que je t'avoue que la joie m'est rentrée dans l'âme et que je suis vraiment aussi heureuse que possible maintenant, tout en faisant la part bien entendu, de ce qui est inévitablement pénible dans une séparation. La nuit a été pénible pour maman2, Emilie et Charles mais Georges et moi, surtout moi, avons trouvé le sommeil parfaitement et j'étais même honteuse de mon engourdissement qui a duré jusqu'à Strasbourg, j'étais bien blottie et étendue sur ma banquette, aussi me croyais-je presque au lit et ne suis guère fatiguée ce matin.

A notre arrivée, je me suis habillée, nous avons déjeuné, puis nous avons fait une promenade dans la ville et avons visité la cathédrale qui m'a bien frappée, c'est vraiment un monument magnifique et une église comme je les comprends avec la sévérité et la majesté qu'il faut là où on vient adorer Dieu. Nous allons rester encore environ une heure 1/2 à l'hôtel et reprendre notre route pour Vieux-Thann où nous serons à 6 heures.

Le temps me presse adieu mes chers et bons parents, recevez mes meilleurs embrassements avec ceux de Charles et dites vous pour adoucir votre isolement que j'ai un mari aussi bon, aussi délicat, aussi sensible que j'aurais pu jamais en rêver un et que votre fille est une heureuse et sera toujours une heureuse femme

Votre fille bien affectionnée

Caroline Mertzdorff

Vous voyez, chère amie, si j'ai lieu de me réjouir de la lettre de ma chère enfant que j'accompagne sans cesse par la pensée. Je pense souvent aussi à vous ma si bonne amie, à vos excellentes filles3 et mon cœur est rempli de reconnaissance pour les marques nombreuses d'amitié et de touchantes attentions que vous avez eues pour moi, je vous ai dit plus d'une fois et je vous répète que je sais mieux sentir qu'exprimer ce qui va au cœur. J'ai eu aujourd'hui la visite de la pauvre femme Lejeune, elle venait me dire que Catherine4, l'intéressante jeune fille dont je vous ai parlé, est retenue au lit plus souffrante que jamais, le médecin dit de nouveau qu'elle a bien besoin de l'air de la campagne qui peut seul lui rendre des forces, dès que vous aurez trouvé un asile convenable pour cette pauvre enfant je m'empresserai de la faire aller à Montmorency5, et encore en cette circonstance j'ai mille remerciements à vous adresser pour toute la peine que vous prenez et les bons soins que vous donnez à cette affaire.

Tout à vous

F. Duméril

Notes

1 Caroline Duméril, fille de Félicité, vient d’épouser Charles Mertzdorff (15 juin).
2 Le jeune couple voyage avec la famille de Charles Mertzdorff : sa mère Marie Anne Heuchel, sa sœur Emilie Mertzdorff, veuve de Prosper Leclerc, et Georges Heuchel, son oncle (plutôt que Georges Léon Heuchel, appelé Georges comme son père, et qui n’assistait pas au repas de noce).
3 Eugénie et Aglaé Desnoyers sont des amies de Caroline.
4 S’agit-il de Catherine Lejeune ?
5 Les Desnoyers possèdent une résidence à Montmorency.

Notice bibliographique

D’après l’original


Pour citer ce document

Félicité Duméril (épouse Duméril), «Lundi 21 juin 1858», correspondancefamiliale [En ligne], Correspondance familiale, 1850-1859, 1858,mis à jour le : 12/03/2009

Danièle Poublan

Cécile Dauphin

Centre de recherches historiques
EHESS
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F-75006 Paris