1796 |

1796-04

André Marie Constant Duméril

Dimanche 15 mai 1796, 26 floréal an IV

Lettre d’André Marie Constant Duméril (Paris) à son père François Jean Charles Duméril (Amiens)

Dimanche 15 mai 1796, 26 floréal an IV

Dimanche 15 mai 1796, 26 floréal an IV

n°95

Paris le 26 Floréal an quatrième

Papa,

Nous avons reçu votre dernière, mais nous ignorons par quelle voie : nous nous portons très bien. Si nous n’avons pas eu le plaisir de vous écrire, c’est que nous n’avions absolument rien de nouveau à vous mander.

Il est vrai qu’il y a eu ici un moment où le pain s’est vendu 160ll c’était celui où le louis valait 1 800 ou 1 900ll assignats et où le mandat perdait 98ll 10s par 100. Mais depuis il est beaucoup diminué. Hier nous ne l’avons payé que 80ll assignats la livre. Notre manière de vivre est toujours la même. Les appointements d’Auguste1 sont de 4 000ll mandats par an, et les miens sont de 2 000ll & l’Etape2. Les mandats valaient hier 9ll numéraire, mais tous ces jours derniers ils sont restés à 8ll, on croit ici que le 5 du mois prochain passé, ils retomberont de plus belle.

Oui, nous avions appris la soumission que vous aviez faite de votre maison. C’est une espèce de loterie : dans tous les cas il est toujours avantageux que le sort vous ait favorisé. Une année de location de 90 payera l’acquisition, si cela dure, mais cela sera-t-il ainsi ? Auguste & Duméril3 ont vu madame Beaurain moi, je ne l’ai pu encore ; car elle est partie pour Fromerie4, elle m’a remis les papiers dont Désarbret l’avait chargée pour moi.

Je vois très souvent Dumont l’aîné5, au moins tous les deux jours. Vous pourrez me faire passer vos lettres par son canal, ou bien à l’école de santé, ou bien encore rue du cul-de-sac notre Dame-des Champs N° 1367 mais comme il n’y a pas de portier dans cette maison ce serait quelque voisin qui recevrait nos lettres car nous sommes souvent dehors.

Nous communiquerons à Duméril la demande que vous lui faite du code pénal. Les étrangers qu’il avait chez lui depuis près de deux mois sont partis ce matin.

Mon projet est toujours d’aller à Amiens le 1er ou plutôt au commencement de Fructidor. Je continue toujours & avec zèle mes études. la physique médicale, & la botanique sont les parties auxquelles je me suis livré davantage. J’ai lié quelques correspondances, qui me font beaucoup d’honneur. un naturaliste célèbre à Brive nommé Latreille très connu dans la Science. <> M. Touchy le naturaliste6 me demande des nouvelles de sa famille, & de toutes les personnes qu’il avait l’avantage de connaître à Amiens. Son frère est marié à Nantes avec sa cousine. il est professeur d’histoire aux écoles centrales, il paraît fort heureux ; il a des enfants. j’écrirai un de ces jours à Désarbret. Je l’embrasse ainsi que maman7 & toute la famille.

Votre fils Constant

P.S. Nous avons encore le double Louis de Désarbret. nous pourrions lui faire remettre par M. D’Hail qui doit partir incessamment, qu’il nous mande, si c’est son intention.

Notes

1 Auguste Duméril l’aîné, frère d’André Marie Constant.
2 D’après Littré « étape » désigne, notamment, les « fournitures de vivres, de fourrages qu’on fait aux troupes qui sont en route ». On peut recevoir son étape en argent.
3 Auguste, Jean Charles Antoine dit Duméril, Joseph Marie Fidèle dit Désarbret, frères d’André Marie Constant Duméril.
4 Cette commune picarde (entre Amiens et Rouen), aujourd’hui connue sous le nom de Formerie, a longtemps été dénommée Fromerie.
6 Possiblement André Antoine Touchy, 1752-1814, montpelliérain, avocat, juge, professeur d’histoire, de géographie, de sciences naturelles. Il publie en 1808 des Opuscules d'histoire naturelle et de littérature.
7 Rosalie Duval.

Notice bibliographique

D’après l’original (il existe également une copie dans le livre des Lettres de Monsieur Constant Duméril, 2ème volume, p. 29-31)


Pour citer ce document

André Marie Constant Duméril, «Dimanche 15 mai 1796, 26 floréal an IV», correspondancefamiliale [En ligne], Correspondance familiale, 1790-1799, 1796,mis à jour le : 07/11/2006

Danièle Poublan

Cécile Dauphin

Centre de recherches historiques
EHESS
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F-75006 Paris