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1799-01
André Marie Constant DumérilJeudi 10 janvier 1799, 21 nivôse an VII
Lettre d’André Marie Constant Duméril (Paris) à sa mère Rosalie Duval (Amiens)
n° 111
Paris le 21 Nivôse an VII
Maman,
Je n'ai pas plus de nouvelles directes de Montfleury1 que vous. Je sais cependant qu'il est entré en fonctions à Mayence. Mais il ne m'a pas écrit ni à Duméril. C'est une grande négligence, ou plutôt et j'aime mieux à le croire, ses lettres auront été égarées. Nous n'avons pas reçu non plus de lettre d'Auguste depuis son départ de Lyon mais cela ne m'étonne pas, car il est probable que vu la guerre à laquelle il ne s'attendait pas lorsqu'il nous écrivait, il n'aura fait aucun séjour à Milan et qu'il aura été de suite envoyé à Pérouse, ville pour laquelle il était destinée et qui se trouve être dans le moment le quartier général de l'armée de Rome2. Ainsi il pourrait encore se passer quelques jours avant que nous ne recevions de ses nouvelles. Je vous promets qu'aussitôt que j'en aurai je vous en ferai part. Mais tranquillisez-vous à cet égard.
Ce que vous me mandez par rapport à l'enfant de Montfleury3 me fait bien de la peine. Cette nourrice nous a bien trompés, si tout ce que vous me mandez est vrai ! elle avait, disait-elle, trois vaches. Son mari était jardinier et elle blanchisseuse. On n'était pas convenu de donner du savon. on lui en a envoyé une fois comme par gratification. On ne doit absolument rien au meneur4. On a payé à la femme tout ce qu'on pouvait lui devoir pour son voyage. Ce sont des gens de très mauvaise foi à ce qu'il paraît. Je vous prie de faire en sorte d'y aller et tirez-le de si mauvaises mains si besoin est.
Je suis bien contristé aussi de ce que vous me mandez de ma sœur testu5. A la première occasion je lui écrirai ainsi qu'à mes tantes d'Oisemont6. Je vous remercie de me rappeler de temps à autre à leur souvenir, je ne les oublie pas moi-même.
Je n'ai point de raison pour aller à la rencontre de Duméril. Sa femme m'a paru très malhonnête la seule fois que je me suis trouvé avec elle depuis son mariage7. Que voulez vous que je fasse ? Je n'ai point de tort vis-à-vis de lui. La place qu'il attend, sans beaucoup se remuer, ne vient guère vite. Cependant il ne tardera pas à être un peu à son aise. Sa belle-mère qui, à 60 ans, vient d'avoir la petite vérole – maladie qui lui a fait perdre un œil – et qui avait auparavant un ulcère à la matrice, ne relèvera pas de l'état où elle est. Elle a perdu la tête. Cette femme n'a que deux filles dont l'une est mariée à Duméril. La première a eu une dot en assignats de 30 000, qui pouvaient valoir 10 000ll. La mère a un très beau mobilier et elle jouit dit-on de 2 400ll de rente. Vous pouvez juger de ce que sera la fortune. Il reviendra encore un héritage du côté de la grand-mère. Il est très malheureux dans ce moment. Je suis sûr qu’il doit beaucoup car il a emprunté de toutes mains.
Je vous ai mandé je crois que mon traitement de prosecteur était augmenté d'un quart. Je n'ai encore touché qu'un mois de cette année. L'imprimeur nous fait éprouver aussi un petit retard. Heureusement j'ai été jusqu'ici. Notre ouvrage va très lentement8, nous ne sommes encore qu'à la douzième feuille in-16 du premier volume. Cet ouvrage me laisse bien peu de temps à moi mais m'instruit beaucoup. On a voulu nous faire sortir de nos places. C'était une cabale montée que j'ai déjoué par une autre. Nous sommes maintenant aussi fixes que les professeurs auxquels nous avons fait peur.
Je ferai en sorte de vous voir cette année. Mais souvenez-vous aussi que je peux donner maintenant deux lits chez moi. Nous ferons nos conditions. Je vous embrasse et tout le monde.
C. Duméril
Annexes
Notes
Notice bibliographique
D’après l’original (il existe également une copie dans le livre des Lettres de Monsieur Constant Duméril, 2ème volume, p. 56-58)
Pour citer ce document
Document(s) à télécharger
- Original de la lettre 1799-01-10-page1 (594k)
- Original de la lettre 1799-01-10-page2 (540k)
- Original de la lettre 1799-01-10-page3 (524k)
- Original de la lettre 1799-01-10-page4 (583k)
- lettre du 10 janvier 1799, recopiée livre 2 page 56 (267k)
- lettre du 10 janvier 1799, recopiée livre 2 page 57 (294k)
- lettre du 10 janvier 1799, recopiée livre 2 page 58 (270k)
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Cécile Dauphin
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