1806 |
1806-03
André Marie Constant DumérilDimanche 2 février 1806
Lettre d’André Marie Constant Duméril (Paris) à ses parents François Jean Charles Duméril et Rosalie Duval (Amiens)
N°162
Mes chers parents,
Je suis enfin décidé à me marier et je crois avoir trouvé la femme qui me convient1 ainsi qu'à vous. malheureusement elle n'a point de fortune, elle n'a que de légères espérances. Sa famille est honnête et alliée à celle des Delessert. M. Debray Chamont2 d'Amiens est un des cousins. Reine3 connaît un peu cette Dame qui est une jeune veuve dont le mari est mort en Egypte4. Je l'ai vue beaucoup chez Madame De candolle5 dont elle est l'amie intime. Je ne parle pas de ses qualités : comme j'en suis épris vous croiriez que je les exagère. J'espère lorsque vous la connaîtrez que vous ne blâmerez pas mon choix. je désire cependant avoir votre consentement avant d'aller plus loin. j'espère que vous consentirez à cette union qui est autant un mariage de raison que d'amour. Le père (M. Delaroche6) qui est genevois était avant la Révolution médecin du Régiment suisse. il a émigré avec toute sa famille en Angleterre. Depuis dix ans qu'il est de retour à Paris, il y exerce la médecine avec la plus grande distinction. Il est médecin en chef de l'hôpital Saint-Martin et l'un des premiers auteurs de l'encyclopédie de Panckoucke. Son fils aîné7 est associé de la maison Delessert et chef de deux maisons de commerce à Nantes et au Havre. Il a épousé une Demoiselle Delessert de Genève8, cousine germaine des banquiers associés de Paris dont M. Delaroche est l'ami très intime.
La dame que je recherche avait épousé M. Horace Say, Capitaine de génie qui est mort après avoir demeuré seulement quinze jours avec sa femme. Un frère plus jeune et le dernier vient d'être reçu Docteur ces jours derniers à notre école et il est très distingué9. Il n'y a pas du tout de fortune pour le moment dans cette maison. mais il y a de belles espérances à cause de deux oncles10 sans enfants qui demeurent à Genève et dont on est seuls héritiers. Voilà tout ce que je puis vous dire, je ne vous parle pas de mon amitié pour Madame Say, si je disais tout ce que j'en pense, vous croiriez que j'exagère. Je vous embrasse bien tendrement.
Votre fils C. Duméril
2 février 1806.
Annexes
Notes
Notice bibliographique
D’après l’original (il existe également une copie dans le livre des Lettres de Monsieur Constant Duméril, 2ème volume, p. 136-137)
Pour citer ce document
Index
Compléments historiographiques
Cécile Dauphin
Centre de recherches historiques
EHESS
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F-75006 Paris