1857 |
1857-14
Caroline DumérilLundi 9 novembre 1857
Lettre de Caroline Duméril (Paris) à sa cousine Isabelle Latham (Le Havre)
Lundi soir 9 Novembre
Je t'ai quittée hier, ma chère Isabelle pour aller au Jardin et je suis sortie avec bon-papa1, Adèle2 et son amie ; nous sommes allés chez les Cordier3 et les Devers4, j'ai vu avec grand intérêt l'immense statue de la France qui, comme tu le sais, est destinée à la ville d'Alger5.
Il n'y avait à dîner que Mlle Romane ; le soir il est venu M. Dunoyer et son fils Charles, le plus jeune frère d'Anatole6 que nous avons vu un soir au spectacle, te rappelles-tu ? Il est venu aussi M. Geoffroy St Hilaire7 le président de l'Académie des Sciences ; c'était du sérieux.
Aujourd'hui j'ai passé ma journée à travailler et à arranger une robe d'hiver ; après-dîner nous irons chez bon-papa et c'est pourquoi je me dépêche de fermer cette causerie. Je puis t'apprendre un mariage qui du reste ne t'intéressera pas le moins du monde, c'est celui de Firmin Rainbeaux, le frère de mon amie Victoria qui est devenue Mme Armand il y a six mois ; je crois que les Pochet le connaissent. Il a 23 ans et épouse Mlle Mocquard la fille du secrétaire particulier de l'Empereur8 ; elle a 20 ans ; ce sera un jeune et riche ménage. Je ne sais si cette année ce sont les frères de mes amies qui vont se marier, nous verrons ; au reste ce n'est que juste à chacun son tour.
Mon oncle l'ingénieur9 est toujours à Paris pour son bras dont il souffre beaucoup ; il nous restera quelques jours encore ; et quoique ce soit un motif pénible qui ait occasionné son voyage, nous en jouissons pourtant et voudrions qu'il se prolongeât. Entre mes deux oncles10, tu juges que j'ai la vie dure car je ne sais quel est le plus taquin ; je rends grâces à mes cousins de m'avoir empêchée d'en perdre l'habitude, mais je n'ai pas eu le temps de me rouiller cet été. J'espère que ce sont de bonnes nouvelles que vous avez reçues d'Edmond11, comme tu ne m'en dis rien, c'est la conclusion que j'en tire.
Tu diras, je te prie à Mlle Pilet12 que j'ai bien regretté de ne pas aller au Mouton pour la certaine facture mais les circonstances s'y sont opposées et maintenant il est trop tard, on ne se rappellerait plus de quoi il s'agit.
Je suis tout à fait de ton avis, ma chère amie, au sujet des commissions amicales dont nous nous chargeons mutuellement à la fin de nos épîtres ; il va sans dire que nous n'oublions pas les gens que nous aimons et le rappeler chaque fois n'est pas bien nécessaire. Ainsi, c'est convenu, une petite croix en terminant voudra dire les choses les plus affectueuses pour notre entourage et nous ne donnerons des explications que dans les cas particuliers.
Adèle a été très sensible à ton souvenir et m'a chargée de ses meilleures amitiés pour toi et Mathilde13.
Je creuse mon cerveau et j'y fais une fouille complète pour voir s'il ne reste rien à te raconter, mais mes recherches sont inutiles et je ne trouve rien digne même d'être ramassé.
Adieu donc, ma chère Isabelle, à toi il m'est bien permis de te dire, malgré nos conventions, que je pense beaucoup à toi et que je t'envoie tout ce qu'on peut recevoir de plus affectueux d'une cousine et amie.
X signe conventionnel qui veut dire ; maman14 t'embrasse ; et envoie mille choses à ton père15 et à Mlle Pilet ; ne m'oublie pas auprès d'eux je te prie ; donne un bon baiser pour moi à Lionel16 etc...
Quand tu verras Amélie Rigot, fais-lui mes amitiés.
Mes souvenirs à Mlle Antonia, je te prie.
Notes
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D’après l’original
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