1862 |
1862-23
Eugénie DesnoyersMardi 14 octobre 1862
Lettre d’Eugénie Desnoyers (Montmorency) à sa sœur Aglaé, épouse Milne-Edwards (Lyon, rentrant de son voyage de noce)
14 Octobre
Il est possible, ma chère petite Gla, que cette lettre ne te trouve plus à Lyon, mais, si entraînés par le charme de la belle nature et par le plaisir du tête-à-tête vous prolongez votre vie errante au-delà du 15, je ne veux pas que tu sois sans nouvelles pour cela. Hein, voilà qui mérite une récompense.
Tu me demandes si je m'ennuie sans toi et tu parais presque désirer une réponse affirmative. Sais-tu que je pourrais te faire la même question ? faut-il que je souhaite aussi que ma présence t'ait un peu manqué et que tu aies cherché la sœur qui ne t'a jamais quittée et que tu as abandonnée pour... te marier ! je te laisse toute la responsabilité de la réponse. Cœur et esprit tire-t-en à la satisfaction de tous. C'est votre rôle maintenant belle dame. à propos es-tu bien habituée à ton nouveau titre, ici on s'exerce afin de ne pas se tromper.
Papa1 et Julien2 sont retournés à Paris, maman3 et moi nous travaillons à force et n'irons à la capitale que Vendredi pour l'heure du dîner afin de laisser nos braves gens libres pour le mariage de Louise qui aura lieu Samedi
Hier Céline4 est venue passer un bon moment avec moi, elle m'a chargée de mille choses aimables pour Mme Edwards5 ainsi que toutes les personnes que j'ai vues, mais ce sont des commissions qu'il est permis d'oublier.
Amélie6 a été souffrante depuis ton mariage (je ne sais si elle t'a répondu), elle est rentrée à Paris hier, elle va mieux mais va continuer à se ménager.
Voici maman prête il faut que je te quitte, nous allons faire visite à Mmes Bidault et Delacre7, puis à Groslay8 retenir les poires et des haricots. Nous allons demander (d'après ton désir) si on pourrait en avoir pour ta maison. Le soleil brille ; on se croirait en été.
Adieu, ma chérie, que j'aurai tant de plaisir à revoir, (ah j'oublie que je ne voulais pas te le dire). L'année est dure pour moi. Ma pauvre Caroline9 ! sans cesse je pense à elle ; mais c'est de l'égoïsme; elle est heureuse.
Mille bons baisers de la part de notre bonne mère et caresses de ta sœur et amie
Eugénie,
Alphonse10 doit trouver aussi des amitiés dans ce griffonnage. J'ai reçu la lettre datée de Lausanne. Q'avez-vous fait depuis?..
Notes
Notice bibliographique
D’après l’original
Pour citer ce document
Index
Compléments historiographiques
Cécile Dauphin
Centre de recherches historiques
EHESS
54 boulevard Raspail
F-75006 Paris