1863 |
1863-17
Eugénie DesnoyersVendredi - été 1863
Lettre d’Eugénie Desnoyers (Launay près de Nogent-le-Rotrou) à sa sœur Aglaé, épouse d’Alphonse Milne-Edwards (Paris)
Vendredi 6 h
Ma petite Gla,
Nous rentrons d'une grande promenade et pendant que Mme Boulez1 se repose je viens te faire ma petite visite
Ta lettre de ce matin nous a fait grand plaisir, je l'attendais, mais ce qui nous désole c'est que tu souffres. Comme tu dis le manque d'air peut ajouter au malaise général mais il n'y a pas moyen d'y remédier puisqu'il ne faut pas que tu bouges ; il te faut donc du courage et puis tu es dans de meilleures conditions pour te soigner, ainsi ce n'est que de la patience tu seras bien récompensée de ta raison lorsque tu auras retrouvé tes forces sans parler du reste.
Ici notre temps se passe, comme tu sais, soit auprès de Mme Boulez, soit dans notre chambre, soit en promenade, soit à table. Je n'ai encore absolument rien fait, J'ai voulu dessiner, mais c'est la pluie en trop, le soleil en moins, la cloche qui sonne, le vent, que sais-je et cependant Julien2 et moi sommes toujours suivis de papier et de crayons c'est comme St Roch et son chien3, enfin nous n'avons encore que 2 malheureux croquis. Julien essaie en ce moment de faire une rose à l'aquarelle.
Hier Mme Boulez nous a montré une partie des albums de M. Boulez elle recherchait les dessins d'Ancy-le-Franc4. Elle a toute sa présence d'esprit et parle, comme autrefois de ses lectures ; elle est bien la maîtresse chez elle, et ses domestiques5 la soignent admirablement, mais ce qu'il y a de triste c'est que son mal augmente à ce que nous a dit Louise.
Ta présence me manque, je ne m'ennuie pas, mais je ne m'amuse pas. Julien est ma petite compagnie et ensemble nous essayons de nous tenir lieu de camarades.
Nous lisons le Pirate de Scott6. Je vais commencer la petite < >, je te remercie de m'avoir envoyé si promptement la laine, tu es bien gentille d'avoir envoyé Marie7.
Maman8 me paraît mieux, jusqu'ici elle n'a pris aucune fatigue et aujourd'hui elle n'a fait qu'une partie de la promenade, elle est restée sur un chêne en face la petite maison des Renardières.
Comme maman t'écrit j'arrête là ma causerie. Adieu ma bonne chérie je t'embrasse bien tendrement sœur amie
Eug D
Une petite fougère du ruisseau. Papa9 et Julien t'embrassent
J'espère que l'indisposition de Cécile10 n'aura pas de suite, elle se fatigue trop.
Notes
Notice bibliographique
D’après l’original
Pour citer ce document
Index
Compléments historiographiques
Cécile Dauphin
Centre de recherches historiques
EHESS
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F-75006 Paris