1865 |
1865-13
Eugénie Desnoyers (épouse Mertzdorff)Samedi 29 avril 1865
Lettre d’Eugénie Desnoyers, épouse de Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) à sa sœur Aglaé, épouse d’Alphonse Milne-Edwards (Paris)
29 Avril 7 du soir et 9h
Ma chère petite Gla,
Bientôt 8 jours que tu nous as quittés et je ne suis pas encore venue te dire tout le bonheur que nous a donné votre visite1. Cependant nous avons tous été bien heureux de vous avoir sous notre toit, et vos noms sont bien souvent prononcés, tant par les enfants2 que par les parents3. La Cala chérie n’est pas oubliée, on lui dit bonjour on l’embrasse, on la câline en la personne d’une des joues de maman. Et l’oncle Alphonse on s’occupe aussi toujours de lui, ainsi pas de jaloux ; et toutes les petites bêtes qu’on rencontre sont mise de côté à son intention.
Comme tu dois être fatiguée, voyage, noce, visites et tant de courses !… Je t’admire et crains d’être cause de la plus grande fatigue pour tous les achats dont je t’ai chargée ; mais je sais que mes commissions seront si bien faites par toi ! Je n’aime que les choses achetées par toi et que je les porterai en toute tranquillité sans craindre d’être ni trop élégante ni trop simple.
J’ai encore ma belle-sœur4 jusqu’à Lundi ; nous n’avons rien fait de remarquable cette semaine, si ce ne sont des nettoyages des plus remarquables luxueux ; la maison sent le propre, mais je n’y ai aucun mérite. Marie5 s’y entend si bien, – à propos tes robes ont fait le plus grand plaisir. Aujourd’hui j’ai compté le linge ; nous avons une lessive monstre : voilà l’occupation de la semaine prochaine. Et toi quand pars-tu6 ? Tu as bien affaire. As-tu eu des ennuis du côté maison et domestiques ?
Donne-moi des nouvelles de Cécile7 et charge-toi de toutes mes amitiés pour elle. Et le petit dernier de Louise8 comment va-t-il ?
Mes petites filles sont toujours comme tu les connais ; seulement Mimi est enrhumée, elle tousse gras, je la sors toujours mais c’est ennuyeux parce qu’avec ses transpirations je crains qu’avec nos vents elle ne se refroidisse. Tu vois que je ne te parle pas de ma santé ; c’est bon signe, c’est que tout est rentré dans l’ordre ; depuis hier je n’ai plus mal à la gorge et ma langue se nettoie, je mange bien ce qui me fait bien meilleur effet que la purgation ; je tousse encore un peu mais ce n’est rien j’irai demain à la messe de 7 h.
Je ne te parle pas de maman9 et cependant cette bonne mère comme on pense à elle. Comme sa venue sera aussi une fête. Si aux grandes vacances je pouvais vous avoir tous !…
Enfin je ne demande rien, vous savez que vous ferez toujours plaisir en venant occuper votre chambre du Vieux-Thann. Je vous remercie pour ce que vous nous avez donné.
Je dis que je n’ai rien eu de remarquable cette semaine, je me trompe : hier un militaire officier à loger et le pauvre diable nous l’avons invité à souper à la grande joie des enfants et à la satisfaction du lieutenant qui depuis la veille n’avait mangé que 2 œufs à la coque. As-tu repensé au vêtement de soie de bonne-maman Mertzdorff10. Si tu vois de jolies petites cravates même un peu voyantes tu peux m’en acheter pour mettre sur mes robes grises et noires.
Adieu ma chérie, je t’embrasse fort fort les petits choux en font autant et Charles qui lit à côté de moi me charge de toutes ses amitiés pour Alphonse et toi,
Ta sœur bien amie
Eugénie M.
Mille tendresses pour papa et maman11 sans oublier mon Julien12 dont la visite m’a fait tant de plaisir aussi. Merci à Maman pour sa lettre et à toi aussi. Vous savez que vos lettres sont les seules que je reçoive.
Notes
Notice bibliographique
D’après l’original
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