1809 |
1809-04
Alphonsine Delaroche (épouse Duméril)Mercredi 12 avril 1809
Lettre d’Alphonsine Delaroche (Paris) à sa belle-mère Rosalie Duval (Amiens)
N° 194
Paris 12 Avril 1809
Ma très chère Maman
Je ne veux pas tarder davantage à vous remercier de la lettre si aimable et si affectueuse que j’ai reçue de votre part il y a quelques semaines, et à vous témoigner combien nous sommes sensibles Constant1 et moi à la manière tendre et pressante dont vous nous invitez, vous et notre cher Papa2 à vous aller voir l’automne prochain avec nos deux enfants3 ; C’est une proposition à laquelle nous ne saurons point résister car nous y trouverons double plaisir, celui de vous voir, et celui de vous faire connaître deux petits marmots qui nous donnent mille joies, et auxquels je crois que vous n’aurez point de peine à donner votre affection de grands-Parents. Nous nous faisons un grand souci de l’embarras que nous vous occasionnerons, et cependant nous arrangeons toutes nos idées sur ce plan d’aller passer auprès de vous une partie des vacances. Nous avons été extrêmement contents mes chers Parents d’apprendre de vos nouvelles par mes frères4, qui ont été très sensibles au plaisir de faire votre connaissance, et qui ont été enchantés de l’air de santé qu’ils vous ont trouvé à tous deux, ils ont eu bien du regret que la promptitude de leur voyage les privât de l’avantage de vous voir un peu plus longtemps. Mon frère aîné a passé encore quinze jours avec nous, puis il est retourné à Nantes auprès de sa femme et de ses enfants qui auront trouvé son absence bien assez longue quoique sa visite nous ait parue terriblement courte.
Notre gros Constant fait beaucoup de progrès pour la force, il se roule presque toute la journée sur le tapis, et j’espère qu’il ne tardera point à courir à quatre. Quant à sa sœur elle court à deux tant que la journée dure, elle est dans une activité continuelle, qui nous fait bien regretter d’avoir un appartement aussi petit et de n’avoir point de jardin, nous profitons bien autant que nous pouvons des beaux temps pour les mener promener tous les deux, mais ils seraient encore bien plus heureux s’ils pouvaient être à l’air les trois quarts de la journée. Le petit n’a point encore de dents, elles ne paraissent même pas prêtes à percer, je suis bien persuadée comme vous ma chère Maman qu’il vaut bien mieux que la dentition soit un peu retardée.
Nous avons reçu il y a trois jours une bonne lettre de mon beau-frère Auguste5 qui contient de bonnes nouvelles de lui et de sa sœur6, qui est très occupée maintenant à arranger la nouvelle maison et à monter le ménage, il paraît que quant à la société elle en est terriblement privée, et qu’il faut qu’elle se suffise à elle-même, il est bien heureux pour elle qu’elle soit occupée ; je pense qu’elle vous écrit souvent.
Je m’aperçois que je ne vous ai point encore fait nos remerciements pour la caisse de macarons excellents que mes frères nous ont apportée de votre part, c’est être trop bons, et nous gâter, que de nous envoyer ainsi des gourmandises ; dont au reste nous savons très bien sentir tout le mérite.
Nous vous prions de ne point nous oublier auprès de nos Parents d’oisemont et d’auxi château7 en leur écrivant. Nous vous demandons aussi de présenter nos tendres respects à notre cher Papa et nos amitiés à notre frère Désarbret8. Adieu ma très chère maman recevez l’expression du respectueux attachement de votre dévouée fille
A. Duméril
Annexes
Notes
Notice bibliographique
D’après l’original (il existe également une copie dans le livre des Lettres de Monsieur Constant Duméril, 3ème volume, p.36-38)
Pour citer ce document
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Compléments historiographiques
Cécile Dauphin
Centre de recherches historiques
EHESS
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