1869 |
1869-20
Eugénie Desnoyers (épouse Mertzdorff)Samedi 29 mai 1869 (B)
Lettre d’Eugénie Desnoyers (Nogent-le-Rotrou-Launay) à son époux Charles Mertzdorff (Vieux-Thann)
Launay 6 h
Samedi
Mon cher Charles,
Pas d'espérance donc de te voir demain matin. Cécile1 vient de nous rapporter tes bonnes lettres, et si je suis bien joyeuse d'y lire la preuve de ta tendre affection, je suis triste de voir combien tu t'ennuies. Puis joint aux tracas des affaires, l'isolement et une maison au pillage2 c'est trop pour pouvoir résister au spleen. Ne pourrais-tu t'en rapporter à M. Jaeglé et si oncle Georges3 est un peu mieux (mais au moins qu'il consulte le médecin) venir encore quelques jours ici. Il me semble que 4 jours d'air et de repos de Launay te referaient du bien avant le petit séjour de Paris qui est toujours un peu fatiguant, car on veut mettre son temps à profit.
Papa4 vient d'arriver frais dispos, il repartira Mardi matin ; Alphonse5 est attendu ce soir à 10 h, il compte rester plus longtemps. Si la pluie ne venait pas continuellement nous arrêter je crois que chacun désirerait prolonger le séjour ici, car les santés paraissent s'en bien trouver. Mais si rien de nouveau je pense que nous quitterons à la fin de la semaine prochaine, tu vois que tu peux encore nous envoyer une dépêche et venir respirer 4 jours ou plus l'air frais de Launay.
Maintenant tu sais si Emilie6 accepte ton bras pour la conduire à Paris. C'est réellement abominable à Edgar de ne pas l'accompagner.
Que faut-il faire pour la signature du bail avec les fermiers7, Lundi je tâcherai que papa en donne les conditions au notaire et le charge pour l'état des lieux à vérifier avec Delestang8, et on attendra ta venue et ce que tu diras pour le passer définitivement.
Voilà encore la pluie, la journée a été bonne, nos petites filles9 ont bien joué, elles ont très bonne mine ; Marie a fait bouquets et <petite chapelle> avec tante Aglaé10 et même à 4 h elle avait si chaud, qu'avant le goûté je lui ai donné une douche à sa grande joie et pour son plus grand bonheur. Tu vois c'est mon signe. Emilie a joué avec son cher Jean11, ce sont les inséparables. Tes deux lettres sont arrivées en même temps aujourd'hui à 2 h, tes petites filles te remercient bien de leur avoir écrit, elles avaient bien grand désir d'avoir une lettre du cher bon père qu'on voudrait pouvoir de nouveau embrasser.
Que Thérèse12 se ménage et se soigne bien, recommande-lui encore de ma part.
Peut-être Julien13 viendra-t-il Lundi ou Mardi ?
On dit que lorsque tu n'es pas là « je m'ennuie de ce que tu t'ennuies, que serait-ce donc, si son mari lui écrivait qu'il s'amuse ! » Tu reconnais bien là une taquinerie du beau-frère Alphonse. Qui se réjouit de venir retrouver sa femme et la ménagerie qui l'attend, corbeaux, écureuil &&
Adieu, cher Ami, un bon bec en attendant la dépêche qui m'annonce ton arrivée. Si Emilie venait avec toi et voulut bien venir jusqu'ici nous trouverions bien moyen de lui offrir un lit. Encore mille amitiés pour toi de tous
toute à toi
ta Nie
François14 vient de terminer son rocher.
Notes
Notice bibliographique
D’après l’original
Pour citer ce document
Index
Compléments historiographiques
Cécile Dauphin
Centre de recherches historiques
EHESS
54 boulevard Raspail
F-75006 Paris