1870 |
1870-008
Eugénie Desnoyers (épouse Mertzdorff)Vendredi, printemps 1870
Lettre d’Eugénie Desnoyers, épouse de Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) à sa sœur Aglaé Desnoyers, épouse d’Alphonse Milne-Edwards (Paris)
Vendredi midi
l'autre jour en t'écrivant que je crois t'avoir mal exprimé ma pensée qui a pour désir d'être le plus longtemps possible avec vous tous soit chez vous, soit ici. C'est donc toujours avec l'idée de rentrer au Vieux-Thann le moins tard possible, afin de vous y posséder tous le plus longtemps possible qu'avaient pour but mes combinaisons. Cependant je crois le plus sage d'attendre Charles1 et de ne vous arriver avec lui que le 22 ou 23. Nous allons nous faire vacciner, (c'est convenu avec le médecin2) et comme Paris n'est pas très engageant en ce moment nous n'avons pas le désir d'y faire un long séjour mais comme d'un autre côté nous désirons voir papa et maman3 c'est à eux de voir le moment où ils peuvent venir à Launay et si on permet à maman de venir au bord de la mer. Et puis d'un autre côté, comme Alphonse4 n'est pas libre de choisir le moment où il peut s'absenter c'est encore à vous de fixer les dates auxquelles on doit louer la maison en Bretagne, car nous sommes tout à fait pour que la colonie se dirige vers ce point5. Charles étudie les heures de départ, indicateurs, et points curieux à voir dans l'Ouest de la France. Tu vois que votre idée a de l'écho. Ainsi arrange les choses comme tu voudras ou plutôt pourras. On voudrait tous être réunis, ne laisser personne derrière soi et on ne sait comment s'y prendre. Alfred6 m'a bien dit que s'il n'est pas occupé il viendra aussi un petit moment avec nous.
Paul7 lui a-t-il demandé quelque chose par rapport aux affaires ?
Et Julien8 à quel moment le Laboratoire ferme-t-il et sera-t-il libre ? Maintenant au moment de quitter Paris il ne sera peut-être pas disposé à s'en éloigner, cependant quelques bains d'onde salée ne lui feraient pas de mal ?
Pauvre mère comme elle doit être fatiguée ; je pense bien à elle. Quelle affaire qu'un déménagement comme le sien, et tout retombe sur elle ; ce pauvre François9 a été bien pris par le bras m'a dit Alfred. Cependant Pauline ne va pas trop mal heureusement.
Le domestique d'Alfred10 a été de secours dans ce moment.
Mes fillettes11 vont très bien, elles sont passionnées pour le jeu de Croquet, Emilie trouve qu'on ne se sent plus « tant c'est amusant quand on tient son maillet », ainsi quand petit Jean12 sera ici, on lui donnera des leçons et il fera rouler ses boules.
On travaille histoire grecque & bain de Wattwiller && enfin on se débarrasse de tout pour vous arriver n'ayant qu'à jouir de votre présence.
Pauvre Cécile13, comme on souffre en pensant à elle. Et cette pauvre tante Allain14 : que de misères et de douleurs, on tremble toujours pour ceux qu'on aime.
Mille amitiés à tous
Eugénie M.
Notes
Notice bibliographique
D’après l’original
Pour citer ce document
Index
Compléments historiographiques
Cécile Dauphin
Centre de recherches historiques
EHESS
54 boulevard Raspail
F-75006 Paris