1870 |

1870-014

Marie Mertzdorff

Mardi 5 juillet 1870

Lettre de Marie Mertzdorff (Nogent-le-Rotrou-Launay) à sa grand-mère Félicité Duméril (Morschwiller)

Mardi 5 juillet 1870

Mardi 5 juillet 1870

Launay 5 Juillet 70

Chère Bonne-maman

Je m'amuse beaucoup ici, ce qui ne m'empêche pas de beaucoup penser. Mais nous aimerions bien t'avoir avec nous, c'est si amusant Launay

J'espère que <oncle Auguste> va bien ainsi que tante Eugénie1.

Si je voulais te conter tout ce que nous faisons, chère bonne-maman, ce serait bien ennuyeux et toujours la même chose, car nous ne faisons que jouer, sauter, courir et nous amuser, nous ne trouvons même pas le temps de lire.

Oncle Alphonse2 a apporté deux œufs qu'il a fait éclore dans sa couveuse artificielle et qu'il a nourris de sorte que ces petites bêtes le suivent partout ; aussi sont-elles venues à Launay, elles barbotent dans l'eau et mangent des des petits poissons qu'on leur pêche car tu sauras, bonne-maman, que ces messieurs3 prennent des poissons toute la journée.

Mardi 4h – Ah ! chère bonne-maman que je me suis bien amusée aujourd'hui ! j'ai fait des confitures avec tante Aglaé4, j'ai enlevé les noyaux des cerises et j'ai pesé le sucre avec un tablier devant moi comme une vraie cuisinière et les petits5 épluchaient des haricots avec Pauline6.

Jean est toujours en adoration devant Emilie, il l'appelle sa chérie et demande à maman de lui donner pour femme quand il sera grand et veut bien travailler pour lui faire plaisir.

Nos oncles7 sont partis pour Paris hier soir ; ils m'avaient bien taquinée mais ça m'amuse beaucoup.

Le Dimanche où nous étions à Paris, oncle Alfred nous a fait la surprise de nous mener au cirque8 où nous avons vu un petit singe savant qui était fort drôle on l'appelle Turlurette. Ce matin père a été dans les bois avec son fusil, mais il a trouvé les lapins si gentils qu'il n'a pas eu le courage de les tirer. Hier nous sommes allés chez monsieur de Torsay9 tante Clotilde était sortie mais je puis te dire que ta filleule10 est très gentille et très avancée pour son âge.

Adieu, chère bonne-maman, je t'embrasse bien fort ainsi que bon-papa11, oncle Léon12 et oncle et tante13 qui sont avec vous. Ta petite-fille

Marie Mertzdorff

Nous avons vu tante Adèle14 ainsi que Marie15 et Léon ce gros garçon m'a chargée de bons baisers pour tata16.

Tout le monde ici me charge de beaucoup d'amitiés pour vous tous.

Notes

1 Auguste Duméril et son épouse Eugénie Duméril.
2 Alphonse Milne-Edwards.
3 Charles Mertzdorff, père de Marie, et ses oncles Alphonse Milne-Edwards et Alfred Desnoyers.
4 Aglaé Desnoyers, épouse d’Alphonse Milne-Edwards.
5 Emilie Mertzdorff et Jean Dumas.
6 Pauline, domestique chez les Desnoyers.
7 Alphonse Milne-Edwards et Algred Desnoyers.
8 Le Cirque d’été, installé le long des Champs-Élysées, devenu en 1853 Cirque de l’Impératrice.
9 Charles Courtin de Torsay époux de Clotilde Duméril.
10 Marguerite Courtin de Torsay.
11 Louis Daniel Constant Duméril.
12 Léon Duméril.
13 Auguste Duméril et son épouse Eugénie Duméril.
14 Adèle Duméril, épouse de Félix Soleil.
15 Marie et son frère Léon Soleil.
16 Félicité Duméril est la grand-tante des petits Soleil.

Notice bibliographique

D’après l’original


Pour citer ce document

Marie Mertzdorff, «Mardi 5 juillet 1870», correspondancefamiliale [En ligne], Correspondance familiale, 1870-1879, 1870,mis à jour le : 18/05/2012

Danièle Poublan

Cécile Dauphin

Centre de recherches historiques
EHESS
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