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Dumont (famille)

Jean Charles Nicolas Dumont, ses fils Charles Dumont de Sainte-Croix et André Dumont, et leur famille

Les Dumont sont des cousins éloignés de la famille Duméril. Ils ont pour ancêtre commun Charles Duméril, marchand drapier à Abbeville. A la génération suivante, Marie-Anne Duméril épouse Jean Dumont, notaire et procureur d’Oisemont. C’est ce couple qui recueille et élève le père d’André Marie Constant Duméril, devenu orphelin dès la naissance. Dans les lettres, André Marie Constant Duméril désigne ses cousins le plus souvent sans spécifier les prénoms (« le cousin Dumont » ou simplement « Dumont ») ou encore collectivement (« toute la famille du cousin Dumont se porte très bien »). Au début de la Révolution, c’est surtout André, le Conventionnel, qui est mentionné, en particulier pour faciliter des démarches auprès d’instances politiques. Ensuite, c’est le frère aîné Charles (qui prend le nom de Dumont de Sainte-Croix), sa femme et ses enfants qui sont évoqués, non seulement au sujet de commissions et de la vie familiale, mais aussi à propos de l’envoi du Bulletin des lois ou de l’édition du Dictionnaire des sciences naturelles (1816-30).

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Jean Charles Nicolas Dumont (1730-1788)

Fils d’un notaire et procureur à Oisemont allié aux Duméril, Jean Charles Nicolas Dumont est avocat et prévôt royal du Vimeu. Il épouse en 1754 Marie Thérèse Magnier.

Il est l’auteur de plusieurs ouvrages : Nouveau style criminel…  (Paris : Vve Regnard, 1770, 2 vol. in-12) ; Nouveau commentaire sur l'ordonnance civile de 1667 (Paris : C.-P. Berton, 1783) ; Plan de Législation criminelle (Paris, 1784) ; Nouveau style civil et universel de toutes les cours et juridictions ordinaires et extraordinaires du royaume ( Paris : C.-P. Berton, 1787, 5 vol. in-12).

Un incendie ravage Oisemont le 16 juillet 1787 et n’épargne pas la maison des Dumont. La correspondance avec son fils Charles en témoigne. Bouleversé par la catastrophe, Jean Charles Nicolas s’éteint moins d’un an plus tard.

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Charles Dumont de Sainte-Croix (1758-1830)

Fils aîné de Jean Charles Nicolas, Charles prend le nom de Dumont de Saint-Croix. Il mène une double activité de juriste et de naturaliste. Il étudie le droit à Paris, devient avocat, employé à l’intendance de Paris puis chef de division au ministère de la Justice. En tant que directeur de l'envoi des Bulletins des lois, il entretient des relations étroites avec François Jean Charles Duméril. Il est auteur du Dictionnaire forestier (1803), du Code des contributions directes (1811) et du Manuel complet des maires, des conseils municipaux et des commissaires de police (1831). Membre de l'Athénée des arts, il est cité par Madame de Staël pour ses Mémoires d'un détenu, suivis de divers Fragmens de Littérature et d'Histoire Naturelle (1795).Il y relatela détention qu’il a subie en 1793 pour avoir pris la défense du Général Custine (guillotiné le 28 août 1793). Ce récit contient notamment une évocation des insectes rencontrés en prison et divers mémoires sur l'histoire naturelle et la chimie. De sa curiosité témoignent aussi la publication d’un article sur les martinets et sa contribution au Dictionnaire des Sciences Naturelles (9 volumes, Paris et Strasbourg, 1816-1830), en compagnie de Cuvier, Ducrotay de Blainville, Desmarets et de Duméril. On trouve par ailleurs la signature de Charles Dumont de Sainte-Croix sur le registre des auditeurs du cours de Lamarck en 1806.

Dans les lettres à ses parents, André Marie Constant Duméril ne fait guère allusion aux activités du naturaliste (sauf en juin 1805). Il mentionne plutôt les événements privés : le remariage en 1797, après un divorce (1795), avec Rosalie Rey (1777-1854), fille de Rey de Neuvié, avocat, bibliothécaire au Conseil des Cinq-Cents et qui a fournit à Cambacérès les notes pour le projet de Code Civil ; les naissances (en particulier le 25 juillet 1801, celle d’une petite Flore Sophie, troisième enfant du couple dont André Marie Constant Duméril est parrain, mais qui meurt à peine âgée de deux ans) ; le mariage des enfants (celui de Marie Clémence, en 1827, avec le naturaliste René Primevère Lesson)1 ; la nomination du gendre comme correspondant à l’Institut grâce au soutien d’André Marie Constant Duméril ; ou encore diverses visites familiales (par exemple en 1833). La famille reste présente dans les lettres des générations suivantes :Auguste Duméril mentionne ses relations avec la benjamine de la famille, Zoé Dumont (1806-1849) qui épouse en 1837 un général de division ayant servi sous l’Empire, Émile Perrodon (1794-1872), et qui meurt d’une phtisie en 1849, laissant deux fils ; Caroline, petite-fille d’André Marie Constant Duméril parle en 1858 des visites du lundi à l’Arsenal, auprès du cousin Perrodon.

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André Dumont (1764-1838)

André Dumont fait ses études de droit à Paris. Il épouse Marie Thérèse Prévot. Il est maire de sa ville natale de Oisemont (Somme) et administrateur du district d'Amiens. Député de la Somme à la Convention, il s’y montre très actif en prononçant de nombreux discours et en présentant des rapports et projets de décrets (dont un Projet de finances). Dans le procès de Louis XVI, il vote la mort. Il devient membre du Comité de Salut Public et préside la Convention du 22 septembre 1794 au 6 octobre 1794. Il semble qu’il se soit fait remarquer par la vulgarité de son vocabulaire et la violence outrancière de ses propos à la tribune. Lors de sa mission dans la Somme il fait arrêter plus de 200 personnes. André Marie Constant Duméril fait sans doute allusion à ces événements dans sa lettre du 7 septembre 1795, quand il parle de « ce qui s'est passé pendant le séjour de Dumont à Amiens, de certaines anecdotes que vous ne pouvez ignorer si elles sont vraies ». André Dumont est malgré tout élu député de Seine-et-Oise au Conseil des Cinq-Cents qu'il quitte en 1797. Sous l’Empire il devient sous-préfet d'Abbeville puis préfet du Pas-de-Calais pendant les Cent-Jours. En 1816, il s’exile en Belgique. Il rentre en 1830 et se retire à Abbeville.

En différentes circonstances André Marie Constant Duméril fait appel à l’influence de son cousin Dumont (André ou Charles, sans qu’il soit possible d’identifier l’un ou l’autre avec certitude) auprès du Ministre de la Justice, en particulier lorsque son père brigue un poste de Substitut du Commissaire du gouverneur près le tribunal criminel de la Somme. En cette occasion, Duméril dîne chez le cousin en compagnie du secrétaire de Cambacérès (lettre du 9 août 1800).

Notes

1 L’aînée des deux filles de Charles Dumont de Sainte-Croix, Rose Henriette, épouse André Pierre Charles Lamouroux, négociant à Paris. Elle meurt de phtisie en 1848. Sa fille Marie Lamouroux meurt elle aussi de phtisie, à 14 ans, en 1850. Son fils, Léopold Lamouroux (il a alors 43 ans), épouse Emma Norris-Le Vilain en 1870.


Notice bibliographique


Pour citer ce document

, «Dumont (famille)», correspondancefamiliale [En ligne], Compléments historiographiques, Biographies, D,mis à jour le : 08/03/2018

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Danièle Poublan

Cécile Dauphin

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