1919 |

1919-17

Emilie Mertzdorff (épouse Froissart)

Samedi 1er février 1919 (A)

Lettre d’Emilie Mertzdorff, épouse de Léon Damas Froissart (Paris) à son fils Louis Froissart (mobilisé)

Samedi 1<sup>er</sup> février 1919 (A)

Samedi 1<sup>er</sup> février 1919 (A)

1er Février 19

Mon cher Louis,

Les journées coulent si vite dans cette douce vie de famille à laquelle il ne manque que toi et Michel1 pour être complète, que je laisse passer le temps sans t’écrire. Et ce n’est pourtant pas faute de penser à toi continuellement et d’en parler bien souvent !

Tous les Degroote2 sont arrivés Mercredi soir, les enfants grandis et fortifiés, très débrouillés aussi. Il va sans dire que je n’aurais pas reconnu Yves si ce n’est à sa ressemblance très prononcée avec Georgeo tout en étant plus large de figure et plus éveillé de regard.

C’est Odile la moins florissante : elle perce ses grosses dents et crie la nuit. Heureusement que le sommeil de Pierre3 si souvent bercé par le canon n’est pas impressionné par cette musique suraiguë.

Si tu veux un aperçu de mouvement de la semaine, depuis ma dernière lettre4 qui date de Mardi, tu verras que nous n’avons pas le temps de nous ennuyer et tu te réjouiras avec moi du renfort précieux de personnel que me fournissent Bertha et Hippolyte5. Jeudi nous n’avons pas eu d’étrangers mais nous sommes quand même 12 à table ; Vendredi à déjeuner M. l’Abbé6, Piaud7, Bellanger, Souty et Paul Vandame8 qui traversait Paris allant à Lille. Nous avons eu aujourd’hui Mme Léon Daum9 à déjeuner, ce soir tous les de Fréville. Hélas ! non plus tous car on vient de téléphoner que les Miribel10 ne viennent pas, Françoise étant grippée…

Marie11 nous a tous réunis à goûter Jeudi afin de faire la connaissance de Fernand dont j’avais manqué la visite. Pierre et Antoinette12 en étaient et Françoise a déclaré à celle-ci que les visites de famille pendant les fiançailles lui avaient paru bien ennuyeuses. Lundi nous avons les de Place13 et peut-être M. du Roure14 à dîner, Mardi les Parenty de Douai15 à déjeuner. Les Jacques16 qui sont rentrés Jeudi matin ont couché dans leur maison à Douai. Jacques est rentré assez remonté ayant eu à Douai la visite des Arquembourg (Marius et sa femme). Luxe épatant d’auto, de fourrures, de brillants ; ils reprendraient la tannerie si Jacques n’en voulait pas et peut-être Jacques et Elise comme concierges !... Mais je crois que l’on restera associés et que l’on achètera un bâtiment de l’usine à côté. Nous avons eu hier la visite de de Solages.

J’ignore toujours ton secteur postal Je t’embrasse tendrement, mon petit.

Emy

Notes

1  Michel Froissart, frère de Louis.

2  Henri Degroote, son épouse Lucie Froissart, leurs cinq enfants : Anne Marie, Georges (Geogeo), Geneviève, Odile et Yves Degroote (né en août 1918).

3  Pierre Froissart, frère de Louis.

4  Voir la lettre du 27 janvier 1919.

5  Bertha et Hippolyte, employés par les Degroote.

6  L’abbé Marcel Pératé.

7  Possiblement André Piot.

8  Paul Emile Vandame.

9  Jeanne Poincaré, épouse de Léon Daum.

10  Françoise de Fréville et son époux Fernand de Miribel.

11  Marie Mertzdorff, veuve de Marcel de Fréville et sœur d’Emilie Mertzdorff-Froissart.

12  Pierre Froissart et sa fiancée Antoinette Daum.

13  Guy de Place et son épouse Hélène Duméril (et leurs 3 enfants ?).

14  Edouard Du Roure.

15  Henri Parenty et son épouse Madeleine Decoster.

16  Jacques Froissart et son épouse Elise Vandame.


Notice bibliographique

D’après l’original


Pour citer ce document

Emilie Mertzdorff (épouse Froissart), «Samedi 1er février 1919 (A)», correspondancefamiliale [En ligne], 1919, Correspondance familiale, 1910-1919,mis à jour le : 22/09/2016

Danièle Poublan

Cécile Dauphin

Centre de recherches historiques
EHESS
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