1879 |

1879-036

Charles Mertzdorff

Vendredi 11 (et dimanche 13) avril 1879

Lettre de Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) à sa fille Marie Mertzdorff (Paris)

Vendredi 11 (et dimanche 13) avril 1879

Vendredi 11 (et dimanche 13) avril 1879

Vendredi 11 avril 1879.

Ma chère Marie

Ce matin j’ai eu le plus grand plaisir à lire ta bonne lettre & il me semble par les détails qu’elle me donne que je suis encore avec vous. Cependant il y a 16 heures de voyage qui nous séparent !

Par suite du petit accident arrivé à ma belle voisine je n’étais pas fâché de faire ma propre lessive & je n’étais bien aise de trouver force Eau chaude qui m’attendait lorsque je suis entré dans mon cabinet de toilette, sans que j’ai eu besoin de même le demander.
Tu vois que Thérèse1 soigne ton père & qu’elle cherche à prévenir mes désirs car tout est prêt dès mon arrivée, linge flanelle, robe de chambre etc etc.. comme pour un vrai petit bébé encore en nourrice.
Il me semblait que la pauvre petite Dame avait trop dîné, car jamais déluge plus inquiétant2.
Mais aussi quelle bonne nuit ai-je passé dans mon lit 10 h de sommeil cela compte bien pour deux nuits.

J’ai fait mes visites d’abord chez Marie3 qui était dans son lit mais [    ] & entouré des deux grands-Mamans Stackler4 & Duméril5. Mlle Hélène6 a fait la petite timide & la petite coquette, elle voulait bien me regarder, mais à condition que je ne m’occupe pas d’elle. Elle marche comme l’on sait marcher après une longue station au Cabaret, elle n’est pas fâchée de trouver un bâton de chaise sur la route en s’appuyant aux murs. mais comme toute nouveauté, elle ne tient plus sur sa chaise & ne veut que marcher. Je suis sûr qu’elle se trouve déjà une grande personne.
Je n’ai pas trouvé mauvaise mine à Marie, elle est levée hier & aujourd’hui, par contre sa mère change beaucoup, je la trouve bien vieillie & a tout à fait mauvaise mine. Bonne-Maman Duméril par contre est tout à fait bien. Je lui ai porté hier Jeudi la petite boîte que votre tante7 m’a confiée & elle a eu le plus grand plaisir à nous faire admirer le châle en tricot qu’elle contenait & la bonne Aglaé [ ] [entregent] [   ] affectueusement. Puis le tour des chères petites8 qui fait déborder le cœur de la grand-Maman. Ce serait très long à redire, très indiscret & surtout très intimidant pour les oreilles intéressées. Bon-papa va très bien aussi son régime de grandes promenades lui réussit à merveille.

Mon après-Midi s’est passé en visites chez sœur Bonaventure où j’ai dû examiner le fameux pont que l’on veut me faire faire & écouter pas mal de petites histoires, la bonne sœur a été 15 jours très souffrante, elle va mieux grâce à l’acide salicylique.
Puis chez les Mairel9 qui m’attendaient avec quelque impatience, n’ayant pas de nouvelles de Mme Mertzdorff10 qui doit partir porter couronne & voile de mariée. le dîner se donne chez les grands-parents11 mais à ma très grande déception j’ai vu sur un magnifique dessus de table bronze doré & porcelaine peinte une grande cafetière. la mienne je n’en ai pas parlé & elle viendra à mon grand regret un peu tard ; mais comme je n’ai pas autre chose à remplacer, elle prendra dès demain le chemin de Thann.
J’ai vu la fiancée qui est charmante, son frère12, son frère futur Docteur !!! est à Thann depuis quelques jours. l’on n’a heureusement pas trop insisté sur ma présence, je suis absent.
Chez les Henriet je n’ai trouvé que le Monsieur13, ces dames14 étaient à l’église.
Enfin chez les Piquet j’ai trouvé Mlle Joséphine très souffrante & bien toussant. & Mlle Adèle n’a pas une ride de moins que lorsque je l’ai vue pour la dernière fois.
Oncle Georges15 va bien, il vient assez régulièrement au bureau chercher ses journaux, je n’ai pas vu tante16 qui était à l’église.
Je n’ai pas vu Marie17 qui ne va pas comme nous le voudrions, elle est au fer & est très pâle sans être autrement malade.

En allant au Moulin18 j’ai rencontré toutes ces Dames Berger19 qui rentraient de l’église ces dames vont bien. les Demoiselles doivent quitter ce mois encore pour passer d’abord 10 jours à Neuf Château chez tante Marie20 & 6 semaines à Paris. total 2 mois. elles se lamentaient fort de ne pas vous voir & elles espèrent être à Paris avant votre départ. Amen.

Je vous embrasse de cœur ton père
ChsMff

Vous avez laissé passer quelques nuages qui ont pris froid & nous tombent depuis ce matin en neige, mais il ne fait pas trop froid. Cependant l’on aime assez à caresser le poêle.
Demain Lundi à Mulhouse grande cavalcade. Léon & Marie21 ont passé leur journée chez les Miquey22. J’ai décliné l’invitation. le Moulin y sera aussi.

Notes

1  Thérèse Neeff, employée par Charles Mertzdorff.

2  Voir la lettre du 9 avril (B).

3  Marie Stackler, épouse de Léon Duméril.

4  Marie Stéphanie Hertzog, veuve de Xavier Stackler et mère de Marie.

5  Félicité Duméril, épouse de Louis Daniel Constant Duméril (« Bon-papa »).

6  Hélène Duméril.

7  Aglaé Desnoyers, épouse d’Alphonse Milne-Edwards.

8  Marie et sa sœur Emilie Mertzdorff.

9  Alphonse Eugène Mairel et son épouse Joséphine Müller ; leur fille Fanny Mairel va épouser Paul Edouard Munsch.

10  Caroline Gasser, épouse de Frédéric Mertzdorff.

11  Probablement Thiébaud Müller et son épouse Marie Anne Koch.

12  René Mairel.

13  Louis Alexandre Henriet.

14  Probablement Célestine Billig-Henriet et sa fille Gabrielle Henriet.

15  Georges Heuchel.

16  Elisabeth Schirmer, épouse de Georges Heuchel.

17  Marie Stackler-Duméril.

18  Louis Daniel Constant Duméril et son épouse Félicité Duméril vivent au Moulin.

19  Joséphine André, épouse de Louis Berger et ses filles : Marie, Hélène et Julie Berger.

20  Marie André, épouse d’Antoine Albert Deguerre.

21  Léon Duméril et son épouse Marie Stackler.

22  Étienne Miquey et son épouse Joséphine Fillat.


Notice bibliographique

D’après l’original


Pour citer ce document

Charles Mertzdorff, «Vendredi 11 (et dimanche 13) avril 1879», correspondancefamiliale [En ligne], 1879, 1870-1879, Correspondance familiale,mis à jour le : 06/11/2018

Danièle Poublan

Cécile Dauphin

Centre de recherches historiques
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