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1830-03

Pierre Fidèle Bretonneau

Vendredi 14 mai 1830

Lettre de Pierre Fidèle Bretonneau (Tours) à son ami André Marie Constant Duméril (Paris)

Tours, 14 mai 1830.

Mon ami,

Vous connaissez mon attachement pour Velpeau. C’est parce que je l’aime et que je prends à lui un intérêt paternel que je ne voudrais pas lui voir obtenir une place supérieure à ses talents1.

Vous savez d’où Velpeau est parti, et quel chemin il a parcouru. Si un homme d’un aussi grand mérite que M. Desormeaux pouvait jamais être remplacé, je pense que de belles chances sont ouvertes pour celui qui a si souvent atteint le but que nous croyions hors de sa portée.

Vous vous rappelez comme moi, mon ami, par combien d’obstacles l’agrégation au professorat était interdite à mon élève et le peu de temps qui lui fut accordé pour les surmonter.

Son travail sur l’embryogénie n’annonce pas seulement une infatigable persévérance à suivre les recherches pénibles, on y trouve ce goût et ce talent d’investigation qui appartient aux hommes doués de la faculté de voir par eux-mêmes, et destinés à agrandir le champ de l’observation ; ce travail est fort estimé des étrangers. Qu’une heureuse position laisse à Velpeau la faculté de développer ses talents et son caractère, ce sera, je n’en doute point, un homme à tous égards fort honoré.

Je ne vous demande point, mon ami, de vous départir de la rigidité de vos principes : rigidité, ce mot ne rend ni mon sentiment ni ma pensée, c’est de votre droiture que j’entends parler ; eh bien, c’est à cette droiture que je confie l’appui et aussi la défense du premier de mes élèves, de celui de mes plus chez enfants adoptifs ; mais de vous-même vous viendrez à son aide, je n’en puis douter, s’il est exposé à quelque déni de justice.

Mille tendresses respectueuses à Mme Duméril2.

Votre bien sincère ami.

Notes

1 Velpeau postule pour la chaire de physiologie de la faculté de médecine, dont le concours doit avoir lieu en mai 1831.
2 Alphonsine Delaroche.

Notice bibliographique

D’après Triaire, Paul, Bretonneau et ses correspondants, Paris, Félix Alcan, 1892, volume II, p. 298-299. Cet ouvrage est numérisé par la Bibliothèque inter-universitaire de médecine (Paris).


Pour citer ce document

Pierre Fidèle Bretonneau, «Vendredi 14 mai 1830», correspondancefamiliale [En ligne], Correspondance familiale, 1830-1839, 1830,mis à jour le : 05/10/2007

Danièle Poublan

Cécile Dauphin

Centre de recherches historiques
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