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1802-02
André Marie Constant DumérilVendredi 7 mai 1802, 17 floréal an X
Lettre d’André Marie Constant Duméril (Paris) à son père François Jean Charles Duméril (Amiens)
n° 141
Mon cher Père. Comme c'est toujours à d'autres personnes de la famille que j'écris je me prive de recevoir vos lettres et je ne vois de votre écriture que l'adresse. aujourd'hui je veux non vous forcer, mais vous engager à me répondre. Ce n'est pas que ce que j'ai à vous dire vous regarde précisément, au contraire, mais vous serez mon interprète et puis je vous donnerai des nouvelles, mais de grandes nouvelles auxquelles cependant on croit un peu toutes incroyables qu'elles paraissent. deux mois avant le Concordat1 ne haussait-on pas les épaules devant ceux qui parlaient du rétablissement du Dimanche et qui aurait dit que le membre le plus acharné contre les prêtres irait un jour à la messe ? Qu'on sonnerait pour lui les cloches ? etc.
J'ai reçu hier une lettre du secrétaire du ministre2 il me mande : qu'ils sont établis à l'hôtel d'Orsay et que mon frère leur fera plaisir quand il voudra venir partager leurs travaux. Que le plus tôt sera le mieux. etc. Je lui ai répondu que je lui écrirai aujourd'hui. Dites cela à Auguste3.
Des nouvelles ! les voici on dit : qu'il sera fait au tribunat des vœux qui par leur résultat feront qu'il y aura un Sénatus Consulte qui déclarera que la france est gouvernée par un seul avec le titre d'empereur des Gaules4. que cet empereur aura le droit de désigner son successeur. qu'il y aura un grand chancelier ; que cette place sera donnée à Cambacérès. que l'administrateur général des finances sera Lebrun5. Qu'il y aura deux chambres du gouvernement, une haute composée des dix principaux propriétaires de la france et de trente sénateurs aux appointements de 60 000ll . que la chambre basse ou des communes sera formée d'un nombre de membres égal à celui des départements. qu'il y aura douze grandes cours ou parlements, etc.
Reine6 parait s'amuser beaucoup. elle voit beaucoup plus de monde qu'elle ne se l'était imaginé. Comme elle se trouve très souvent en société, elle a besoin de plus de toilette… de plus de dépense. je ne connais pas l'état de ses finances mais je crains qu'elle n'ait besoin d'argent. je crois que vous feriez bien d'en remettre un peu à Auguste pour elle. je vous embrasse tous, elle me charge d'en faire de même.
Votre fils C. Duméril
le 17 floréal.
Annexes
Notes
Notice bibliographique
D’après l’original (il existe également une copie dans le livre des Lettres de Monsieur Constant Duméril, 2ème volume, p. 100-101)
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