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Nogent-le-Rotrou et Launay (L’Aunay d’en-Bas)

Launay (dit L’Aunay d’à-Bas ou L’Aunay d’en-Bas), lieu-dit de la commune de Nogent-le-Rotrou (Eure-et-Loir), est rattaché à la paroisse Saint-Hilaire. Launay est mentionné dans les lettres à partir des années 1860, en relation avec les Desnoyers et leurs amis Boulez. Par la suite, pendant la Grande Guerre, Launay est mentionné à propos des descendants de Cécile Milne-Edwards et d’Ernest Charles Jean Baptiste Dumas.

Le mobilier de la maison (ce qui en reste après le passage des Prussiens) est décrit par Alfred Desnoyers dans une lettre du 11 mai 1871. Les noms du maire de Nogent-le-Rotrou, Charles Dugué (1822-1877) et de la famille Courtin de Torsay, notables du lieu et alliés, apparaissent dans les lettres, ainsi que ceux des fermiers.

Jules Desnoyers est né à Nogent-le-Rotrou. Par contrat du 18 février 1835, il vend, avec son épouse Jeanne Target, au profit de Léonard Boulez et son épouse, la terre de Launay d’à-Bas, à laquelle ont été réunis depuis longtemps les lieux de [Lestre] et de la Bourdinière [d’Arnevel], situés à Nogent-le-Rotrou, moyennant la somme de 70 000 F. Les papiers trouvés lors de l’inventaire après le décès de Mme Boulez, inventaire effectué les 15, 16, 17 et 18 février 1864 (AD Eure-et-Loir 2E59 art.249) mentionnent également l’achat par M. Boulez, à Jean François Louis Dieu, du bordage de la Croix, situé sur la commune de Condé-sur-Huisne (2 septembre 1844). La terre de Launay comprend aussi la ferme des Renardières et des bois sur la butte de Croisille(s) qui domine la vallée. Le terme « ajoupa » employé dans quelques lettres (29 septembre 1871) désigne vraisemblablement cette butte de Croisille.

D’autres papiers signalent un bail pour 16 ans, au profit de Désiré Delestang, pour la Ferme de l’Aunay d’à-bas, le 23 février 1853 (Michel Victor Ménager lui succède sur la ferme en 1869) et un bail à Pierre Nicolas Gouhier et Françoise Beaudoux, demeurant à L’Aunay d’ahaut.

Cette propriété de Launay, achetée à Jules Desnoyers par Léonard Boulez, qui y habite, est léguée à Eugénie Desnoyers, fille de Jules et épouse de Charles Mertzdorff, après le décès de MmeBoulez (31 janvier 1864). L'inventaire est alors fait par Louis Alfred Leclanché (1821-1888), avoué et juge suppléant au tribunal de Nogent qui représentait Eugénie Desnoyers au terme de la procuration qu'elle avait signée devant Louis Girardin, notaire à Paris (6 février 1864). Dans les années qui suivent les lettres évoquent les relations avec les fermiers (Michel Victor Ménager) et les séjours fréquents qu’Eugénie effectue avec ses enfants durant l’été. Jules Desnoyers, comme dans sa propriété de Montmorency, dessine et crée un parc.

Nogent-le-Rotrou, commune du Perche d’environ 7 000 habitants au milieu du XIXe siècle, se situe à l'extrémité orientale de la vallée de l'Huisne, axe de communication naturel qui la relie au Mans. Réputée depuis le XVIe siècle pour sa production textile (serges et étamines), la ville exporte des étoffes dans toute l'Europe et vers le Nouveau Monde. Vin et cidre sont également produits dans les campagnes environnantes.

Plusieurs couvents et un collège sont fondés au cours du XVIIe siècle, tandis que la prospérité du Perche est assurée par une proto-industrie textile et métallurgique en plein essor. Sully, ministre protestant d'Henri IV, acquiert en 1624 la seigneurie de Nogent, mais n'y réside pas en raison de l'opposition des moines de Saint-Denis ; il y est néanmoins enterré à sa mort en 1641.

A l’époque de la Révolution française, les violences touchent peu Nogent-le-Rotrou, rebaptisé Nogent-le-Républicain et promu chef-lieu de district, puis sous-préfecture. Après la dissolution de la communauté de Saint-Denis en 1788, les différents couvents que compte la ville sont fermés en 1790, la collégiale Saint-Jean en 1793, l'église des Capucins en 1794 et l'église Notre-Dame-des-Marais en 1798. Aucun de ces édifices religieux, dont plusieurs sont en mauvais état, ne rouvre par la suite. La commune achète en 1806 les bâtiments de l'abbaye de Saint-Denis pour en faire un collège, un tribunal et une prison.

Le centre-ville est transformé dans les années 1810 et 1820 par la création de nouvelles rues, le nivellement de places, la construction de fontaines et la plantation d'allées. Une inondation touche durement la ville en 1841, et l'épidémie de choléra en 1859 tue 117 personnes. Le chemin de fer arrive en 1854 à Nogent-le-Rotrou, qui devient bientôt une étape sur les axes Paris-Nantes et Paris-Rennes-Brest de la Compagnie de l'Ouest. L’Hôtel de Ville est construit Place Saint-Pol entre 1853 et 1860.

Durant la guerre de 1870-1871, les environs de Nogent-le-Rotrou sont le théâtre d'une bataille opposant les armées française et prussienne, et le duc de Mecklembourg envisage un temps de bombarder le château Saint-Jean. La guerre terminée, la caserne Sully est construite en 1875 et le 115e régiment d'infanterie de ligne s'y installe en 1880. La fin du XIXe siècle constitue une période de modernisation : la ville est éclairée au gaz en 1865, équipée d'un réseau d'adduction d'eau dans les années 1880, de trottoirs dans les années 1890, et de nouvelles places, rues et boulevards sont percés.


Notice bibliographique


Pour citer ce document

, «Nogent-le-Rotrou et Launay (L’Aunay d’en-Bas)», correspondancefamiliale [En ligne], Compléments historiographiques, Monographies, lieux,mis à jour le : 15/03/2016

Danièle Poublan

Cécile Dauphin

Centre de recherches historiques
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