1813 |

1813-06

André Marie Constant Duméril

Mercredi - août 1813

Lettre d’André Marie Constant Duméril (Paris) à son père François Jean Charles Duméril (Amiens)

Mercredi - août 1813

Mercredi - août 1813

N° 221

Mon cher père,

l'idée de commencer ma lettre comme je le fais me fait sourire, c'est déjà vous dire que j'ai de bonnes nouvelles à vous donner, cependant je viens d'être excessivement malade. samedi soir je me suis couché avec un léger engorgement des glandes du cou. je me fis mettre une cravate de mousseline, je croyais que la transpiration ferait cesser ce malaise, pas du tout. je passais une nuit horriblement agitée et le dimanche j'avais des brisures dans les membres, de la fièvre très forte, des douleurs nerveuses dans la tête, les oreilles, les yeux qui durèrent toute la journée. la diète la plus sévère n'avait fait cesser aucun de ces symptômes, je me croyais tout à fait pris d'une fièvre putride. pour comble de malheur mon beau-frère1 était aussi malade mais il n'avait pas les mêmes symptômes nerveux. le lundi sentant le gonflement de la tête je pris le parti de m'appliquer six sangsues dont une que j'introduisis dans le nez me procura un assez fort écoulement. je pris aussi un émétique en lavage à des époques très éloignées espérant faire cesser ma constipation, malheureusement je vomis. je pris alors trois lavements dont le dernier eut quelque résultat. je commençai à transpirer et à éprouver un léger soulagement le lendemain. hier j'eus recours à une petite médecine qui eut son plein effet, les sueurs furent excessives. je changeai quatre fois de chemise, je traversai mes matelas. j'ai dormi cette nuit parfaitement, ce matin j'ai pris un peu de café et vous voyez que je vais bien puisque j'ai voulu vous écrire quoique je sente que j'en ai fait assez et que ma main tremble. mon beau-frère est très bien. mon petit2 on ne peut mieux depuis jeudi. ce matin on commence à apercevoir sur ses joues quelques petits boutons d'un très bon augure.

Je vous embrasse tendrement

mercredi à midi

C. Duméril

Annexes

A Monsieur

Monsieur Duméril père

Petite rue Saint Rémy n°4

A Amiens

Notes

1 Etienne François Delaroche.
2 Le petit Auguste Duméril était malade (voir les lettres précédentes).

Notice bibliographique

D’après l’original (il existe également une copie dans le livre des Lettres de Monsieur Constant Duméril, 3ème volume, p. 105-106)


Pour citer ce document

André Marie Constant Duméril, «Mercredi - août 1813», correspondancefamiliale [En ligne], Correspondance familiale, 1810-1819, 1813,mis à jour le : 10/05/2007

Danièle Poublan

Cécile Dauphin

Centre de recherches historiques
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