Paris le 29 mars à midi

Mes chers parents, j’ignore si cette lettre vous parviendra. l’armée ennemie est dit-on à VilleParisis à cinq lieues d’ici1. il se porte à sa rencontre une très grande quantité de troupes. jusqu’ici la garde nationale n’est pas sur les armes, on dit même qu’il y a eu cette nuit chez l’impératrice2 un conseil dont les membres qui s’étaient séparés à minuit avaient décidé que la garde Nationale ne serait pas appelée aux armes. Ce matin le Roi joseph3 est parti à cinq heures on ignore où il s’est porté. on m’a dit que la cour des tuileries était remplie de chevaux de poste et de voitures ce qui faisait présumer que l’impératrice et le Roi de Rome nous abandonneraient. nous sommes en général fort tranquilles. M. DelaRoche de Nantes4 est encore avec nous. j’ai écrit hier à Auguste5 à Calais. nous vous embrassons tendrement et nous vous prions d’être très tranquilles sur notre sort. par arrêté du ministre6 je ne fais par partie de la garde nationale.