Mon cher Papa,

Voilà tes enfants1 qui viennent te faire une petite visite et comme ils tiennent à arriver encore avant pendant que la réunion est complète à V^ieux-Thann on te prie d’excuser la pâleur des épreuves qui ont été tirées trop vite, ce n’est qu’hier que Marcel a à peu près réussi et nous nous sommes bien dépêchés pour te les envoyer.

Nous profitons d’une occasion pour S^ainte-Gauburge2 aussi pardonne-moi mon griffonnage. Je n’ai rien de bien particulier à vous dire puisque j’ai écrit longuement hier ; j’ai reçu ce matin la lettre de tante3 dont je la remercie beaucoup, je n’ai toujours aucune réponse d’Hortense4 ; je ne savais plus au juste son numéro ; j’ai mis sur l’adresse, 1 ou 2 rue S^ainte-Victoire ; me suis-je trompée ? Je vais toujours parfaitement bien et comme malgré les nuages il fait un temps passable j’ai passé toute ma journée dehors. Je suis très contente de vous envoyer ma figure et la vue d’un des côtés de la maison ; malheureusement Marcel n’est pas prêt à partir. Il est désolé parce qu’il trouve que j’ai l’air triste et il prétend que cela va vous inquiéter. Adieu, on attend ma lettre, je t’embrasse de toutes mes forces, mon Père chéri,
Marie