1881 |

1881-007

Marie Mertzdorff (épouse de Fréville)

Vendredi 11 février 1881 (A)

Lettre de Marie Mertzdorff (épouse de Marcel de Fréville) (Paris) à son père Charles Mertzdorff (Vieux-Thann)

Vendredi 11 février 1881 (A)

Vendredi 11 février 1881 (A)

Il me semble, mon cher Père, qu’il y a bien longtemps que je ne t’ai écrit1 et cependant mon temps s’est écoulé si vite et d’une manière si uniforme qu’il me serait impossible de te dire à quel jour remonte ma dernière lettre, ni ce que j’ai pu recueillir d’intéressant à te dire depuis cette époque.
Je sais que je pense bien souvent à toi, que je compte les jours qui me séparent de ton arrivée et par conséquent aussi de celle de bébé2 et tout cela me semble devoir être dans un avenir très prochain, un mois est si vite passé, et qui sait même s’il me reste encore un mois ?

En attendant tout se prépare pour bien recevoir Robert ; j’ai été Mercredi avec tante3 revoir les sœurs de la rue Cassini et je sais que je puis tout à fait compter sur elles. J’ai reçu aussi une lettre de la bonne, ancienne nourrice de Mme d’Arleux4 qui viendra décidément aussitôt que j’en aurai besoin, je n’ai donc plus aucune préoccupation de ce côté, on m’en fait de plus en plus l’éloge. La petite layette (ou plutôt la grande, vu l’abondance des petits objets) est rangée dans ses tiroirs et le berceau attend impatiemment qu’on le retire de toutes ses enveloppes de papier et qu’on lui mette sa petite housse blanche ; enfin le temps lui-même se montre favorable et depuis le 1er Février annonce vraiment le printemps.

Je continue à sortir un peu mais sans enthousiasme, je me fatigue assez vite et je traîne passablement la jambe ; on m’exhorte cependant à ne pas trop écouter ma paresse. Aujourd’hui je vais aller au Jardin terminer mes rideaux, tante ne sortira pas, elle se ménage pour son bal de demain afin qu’Émilie5 puisse en profiter complètement. Du reste j’ai appris hier qu’elle aurait encore l’occasion de danser le 25 chez Mme Gaudry6. Cela me semble très drôle de penser que l’on danse, les soirées ne m’occupent guère et je ne les regrette pas. Mais pour Émilie ce sera un vrai plaisir que tante tient beaucoup à lui donner.

Hier j’ai eu 14 visites ! n’est-ce pas effrayant pour une petite jeune dame qui n’en fait pas et qui ne reçoit que des personnes plus âgées et plus respectables qu’elle. On est vraiment bien aimable pour moi.

Marcel7 va toujours régulièrement à la Cour toutes les après-midi ; il vient de recommencer un nouveau travail. Je suis chargée par lui de te dire qu’il avait bien vu sur les obligations belges l’indication de l’endroit où on pouvait les toucher à Paris, mais il y a même été, mais il paraît que cette banque ou société n’existe plus et qu’aucune autre ne la remplace pour les chemins de fer de Liège. Voilà pourquoi il t’a prié de vouloir bien t’en charger à Bâle.

Adieu, mon Père chéri, nous t’envoyons, Marcel et moi, nos plus tendres amitiés et je t’embrasse de tout mon cœur
ta fille
Marie

A ta prochaine absence j’aurai de plus à t’embrasser toujours de la part de ton petit-fils ! il faudra peut-être que j’aie du papier plus grand. J’embrasse bien fort bon-papa et bonne-maman8. Amitiés aux demoiselles Berger9 si tu les vois.

Notes

1  Cette lettre non datée est écrite un vendredi (lendemain du jour des visites), avant le 19 (rideaux terminés), donc possiblement le 11 février.

2  Jeanne de Fréville (et non Robert) naîtra le 19 mars 1881.

3  Aglaé Desnoyers, épouse d’Alphonse Milne-Edwards.

4  Clémentine Bechem, épouse de Félix Morel d’Arleux ?

5  Emilie Mertzdorff, sœur de Marie.

6  Isabelle Hittorff, épouse d’Albert Gaudry.

7  Marcel de Fréville, époux de Marie Mertzdorff.

8  Louis Daniel Constant Duméril et son épouse Félicité Duméril.

9  Marie et Hélène Berger.


Notice bibliographique

D’après l’original


Pour citer ce document

Marie Mertzdorff (épouse de Fréville), «Vendredi 11 février 1881 (A)», correspondancefamiliale [En ligne], 1880-1889, 1881, Correspondance familiale,mis à jour le : 18/06/2019

Danièle Poublan

Cécile Dauphin

Centre de recherches historiques
EHESS
54 boulevard Raspail
F-75006 Paris