1791 |

1791-05

André Marie Constant Duméril

Mercredi 13 juillet 1791

Lettre d’André Marie Constant Duméril (Rouen) à sa mère Rosalie Duval (Amiens)

Mercredi 13 juillet 1791

Mercredi 13 juillet 1791

Mercredi 13 juillet 1791

n°7

Rouen ce 13 Juillet 1791 au soir

Maman,

On me présente une occasion, j’en profite, il est sept heures et demie ; à huit, il ne sera plus temps. Je veux cependant griffonner quelques lignes au petit Dejean1. J’ai reçu votre lettre. M. D’Eu2 en a joint une à la vôtre, elle est on ne peut plus honnête, il me parle comme à son fils ; en vérité je lui dois beaucoup de reconnaissance. Je pars samedi pour la campagne de M. Thillaye. Auguste3 a bien raison de choisir la Draperie : c’est le plus doux de tous les commerces, le jour tombé boutique fermée. Le dimanche pas boutique ouverte, au lieu que dans les autres, on n’a pas un moment à soi et surtout dans l’Epicerie. Mme Thillaye4 m’a promis qu’elle s’informerait. Je sais bien que j’ai beaucoup de choses à vous dire, et voilà que je suis pressé et je ne m’en souviens plus. Eh bien, je vais parler nouvelles, car je lis la gazette, au moins moi. Je viens de voir passer le Duc de Penthièvre qui s’en va dit-on de la ville d’Eu parce qu’on l’a arrêté et empêché de partir le jour du départ du Roi. On a ici des bons depuis avant-hier, mais ce sont trois Messieurs dont le maire de la ville5 est à la tête qui forment cette caisse et il ne coûte pas un liard pour changer un assignat.

Le pain est renchéri aujourd’hui ce qui fait murmurer un peu le peuple. Il y a une petite < >. Dimanche dans une des paroisses lorsqu’on eût lu un mandement de l’Evêque constitutionnel6 un perruquier se leva et se mit à crier Drapi-Epire ce qui répond à vieux habits, vieilles hardes à vendre. Ma foi les femmes se sont jetées sur lui et le voulaient pendre lorsque la garde est accourue et a fait tomber le fatal cordeau. Je ferme ma lettre il est peut être trop tard. Je suis

Votre fils Constant Duméril

Je vous écrirai ces jours-ci par M. D’Eu si je me souviens de quelque chose avant samedi. Adieu à toute la famille, je me porte bien.

Notes

1 Pierre François Marie Auguste Dejean.
3 Auguste Duméril, frère d’André Marie Constant.
4 L’épouse de Jacques François René Thillaye, née Platel.
5 Pierre Le Pelletier d’Estouteville, maire de Rouen depuis mars 1790.
6 Louis Charrier de La Roche (1738-1827), évêque constitutionnel à Rouen d’avril à octobre 1791.

Notice bibliographique

D’après le livre des Lettres de Monsieur Constant Duméril, 1er volume, p. 48-50


Pour citer ce document

André Marie Constant Duméril, «Mercredi 13 juillet 1791», correspondancefamiliale [En ligne], Correspondance familiale, 1790-1799, 1791,mis à jour le : 18/09/2006

Danièle Poublan

Cécile Dauphin

Centre de recherches historiques
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