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Thillaye (famille)

Sur la recommandation d’un ami de la famille, M. Deu de perthes, le jeune André Marie Constant Duméril, qui a le goût des sciences naturelles, est placé par son père, vers le commencement de 1791, chez un épicier droguiste de Rouen, Jacques François René Thillaye. Les liens noués par le jeune homme, qui travaille à la boutique, loge dans la famille, est invité dans la maison de campagne, se resserrent lorsque M. Thillaye meurt quelques mois après, laissant sa femme (née Platel) seule avec de jeunes enfants et des problèmes de succession et de tutelle. Mais peu à peu, au cours des années 1792-1794, André Marie Constant Duméril s’émancipe des contraintes de la boutique et des soins maternels de Mme Thillaye pour poursuivre ses études.

Jacques François René Thillaye est le second fils de Nicolas Thillaye

Nicolas Thillaye (1709-1784)

Le père de Jacques François René Thillaye, mécanicien fabricant de pompes à incendie, invente à Rouen une machine pneumatique qui a « l’approbation de MM. de l'Académie des sciences de Paris » et qu’il fait connaître par des ouvrages (1756-1772). Celui de 1772 mentionne « un brevet royal du 28 juin 1772, accordé à Thillaye fils. » Il a trois fils.

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1- Nicolas Noël Vincent Thillaye (1749-1802) est le fils aîné de Nicolas Thillaye (1709-1784). Il est associé aux travaux de son père. Il s’établit à paris et entre à l’Académie des sciences (1779). Il revient à Rouen au moment de la révolution et devient le tuteur de ses neveux.

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2- Jacques François René Thillaye (1750 - novembre 1791)

Le second fils de Nicolas est fort instruit ; il écrit divers articles d’histoire naturelle pour les publications de l’Académie de Rouen. Il introduit André Marie Constant Duméril dans le milieu des érudits qui herborisent autour de Rouen et à l’Académie (dont il a la clef du jardin des plantes) ; il se propose de lui faire suivre des cours à l’hôpital. André Marie Constant Duméril rachète après sa mort quelques livres de médecine et d’anatomie de sa bibliothèque.

Madame Thillaye, née Platel, entretient des relations épistolaires avec la famille Duméril, avant et après son veuvage. De nombreuses lettres de André Marie Constant Duméril montrent la part qu’elle prend à son entretien domestique. Réciproquement, l’un de ses fils séjourne à Amiens chez les Duméril à l’été 1793 ; il reste en relation avec eux (1798).

Les enfants Thillaye. A la mort de son mari, Mme Thillaye doit s’occuper seule de ses enfants mineurs. Le frère aîné de son mari (Nicolas Noël Vincent Thillaye) tente de se dérober devant le juge de paix à son rôle de tuteur – les lettres de André Marie Constant Duméril rapportent quelques épisodes judiciaires (1792).

Mme Thillaye, « cette femme [qui] semble née pour le malheur » (lettre du 1er janvier 1793), perd sa petite fille « morte dans une toux convulsive. La seule consolation qu'elle voyait croître lui est enlevée » fin décembre 1792 puis, en avril 1806 son fils Antoine (1782-1806) « qui était Pharmacien à l’hôtel-Dieu. ». André Marie Constant Duméril ajoute : « il donnait vraiment des espérances mais sa poitrine était très faible. il est mort d’une fièvre maligne je lui ai donné quelques soins ». Antoine Thillaye, prix de chimie pharmaceutique à Rouen en 1799 et 1800, s’occupe également de chimie industrielle.

Jacques Sylvestre Thillaye (1782-1813) est le frère jumeau d’Antoine. Il fait ses études de médecine à paris. en 1809 il soutient sa thèse sous le présidence de son oncle Jean Baptiste Jacques Thillaye ; les examinateurs sont : Deyeux, Hallé, Lallement, Leroy et Pelletan. Il meurt à Dresde en 1813.

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3- Jean Baptiste Jacques Thillaye (1752-1822)

Le troisième fils de Nicolas Thillaye, Jean Baptiste Jacques, après des études à Rouen (sous la direction de Lecat et david) et Paris (il est élève de Moreau), est reçu aux écoles de chirurgie (1784). Il compte Vicq d'Azyr parmi ses amis. A la fondation des écoles de santé (fin 1794), il devient conservateur des collections anatomiques parisiennes et se trouve assimilé aux professeurs. Lorsque André Marie Constant Duméril veut poursuivre ses études à Paris, il dit pouvoir compter sur son appui (février 1795). Jean Baptiste Jacques Thillaye est nommé chirurgien en chef de l’hôpital Saint-Antoine. Veuf en 1790, il se remarie avec une nièce. Il a cinq garçons, dont trois appartiennent au milieu médical :

L. J. S. Thillaye (1776-1860), fils aîné de Jean Baptiste Jacques, soutient sa thèse de médecine sous sa présidence de son père (1803). Il lui succède comme conservateur des collections de l’école (1822-1847). Il a un fils, Jean édouard Georges, qui soutient lui aussi une thèse de médecine, en 1830, sous la direction de Boyer. Il est chirurgien.

Auguste Jean Thillaye (né en 1789), commence des études médicales, s’engage comme officier de santé puis devient chirurgien militaire. Revenu à la vie civile, il occupe divers postes à la faculté, collaborant avec son frère aîné, Pierre Pelletan ou Moreau. En 1826 il épouse une cousine germaine, avec qui, en 1830, il a un fils, Albert.

André Antoine Théodore Thillaye (1796-1870), dernier fils de Jean Baptiste Jacques, est médecin.

[Renseignements tirés d’un article du Dr André Hahn, « Auguste-Jean Thillaye et sa famille », Le Progès Médical, n° 38, 21 septembre 1935 (article communiqué par Bernadette Molitor, <molitor@bium.univ-paris5.fr>)]

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Par ailleurs, les archives du lycée Louis le Grand (consultables aux Archives de Paris) contiennent une fiche au nom de Jean Baptiste Antoine Thillaye, professeur à l’époque où Auguste Duméril fréquente cet établissement, vers 1830 (mais Jean Baptiste Antoine Thillaye n’est pas cité dans les lettres conservées).

Selon ce document, Jean Baptiste Antoine Thillaye est né à Paris le 26 janvier 1776. Il est soldat pendant trois ans, et, en 1795, devient aide conservateur des collections de la faculté de médecine. En 1805 et 1806, il remplace Bouillon-Lagrange à l’Ecole du Panthéon. Il enseigne au collège Louis le Grand, les mathématiques (1808), puis les sciences physiques (1809) et la chimie (1837). Officier de l’Université (1820), il est nommé conservateur des collections de la faculté de Médecine (1822). Il est docteur ès sciences et en médecine. Il est marié. En congé en 1842 et en 1843, il est admis à faire valoir ses droits à la retraite en 1844.

(une confusion avec L. J. S. Thillaye, cité ci-dessus, né lui aussi en 1776, et dont certains éléments biographiques se recoupent, est possible).


Notice bibliographique


Pour citer ce document

, «Thillaye (famille)», correspondancefamiliale [En ligne], T, Biographies, Compléments historiographiques,mis à jour le : 06/07/2012

Danièle Poublan

Cécile Dauphin

Centre de recherches historiques
EHESS
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