N° 43

Rouen 1^e Janvier 1793, 2^e de la République1

Papa et maman,

Je n'ai pas besoin de vous mander, que je fais, pour vous, des souhaits de nouvel an. Chaque jour pour moi serait un renouvellement d'année, je ne désire rien tant que votre bonheur et votre propre satisfaction, quant à moi j'y concours autant que je puis, et j'espère faire toujours de même.

J'ai vu ce matin le cousin Routhier fort en colère, contre mon oncle Quevauvillers2, et lui reproche d'avoir voulu faire payer à son père, en surprenant sa bonne foi, le loyer de la ferme de M. De Cacheleux. Emigré en lui disant qu'il ne l'était pas ; ce qui eût été cause d'un double payement.

Mon oncle serait-il capable de faire cela ?

J'ignore si je vous ai mandé, la perte que M^me Thillaye a faite de sa petite fille, le 5 du passé ; elle est morte dans une toux convulsive. Cette femme semble née pour le malheur. La seule consolation qu'elle voyait croître lui est enlevée. Rien de nouveau ici.

Je suis grandement occupé maintenant, j'aurais pris l'habitude du travail.

Je vous embrasse.

Votre fils Constant Duméril