1794 |
1794-02
André Marie Constant DumérilDimanche 9 mars 1794, 19 ventôse an II
Lettre d’André Marie Constant Duméril (Rouen) à sa mère Rosalie Duval (Amiens)
N° 61
Rouen du 19 Ventôse de l'an second
Maman,
Rien de nouveau ici. Les vivres y sont aussi rares qu'à Amiens, nous sommes réduits à douze onces de pain par jour, pas de viande qu'aux malades ; quant à nous ne manquons pas parce que la Citoyenne1 Thillaye en fait venir de la campagne, mais les autres ! ça fait pitié.
Les maladies sont ici fort communes. La fièvre dont vous me parlez, s'est aussi manifestée dans nos hôpitaux. Quant à moi je me porte bien.
Le Médecin Coste, dont vous me parlez était un homme instruit. Il était membre du conseil de santé, on le regrette.
Quant aux incarcérations, c'est partout de même. Heureux de n'avoir aucun détenu dans notre famille. J'ai reçu il y a quelques temps des nouvelles de mon oncle De quevauvillers2, il se portait bien à ce qu'il me marquait ; je lui ai répondu depuis.
Quand vous écrirez à ma tante Basilice3, mille choses de ma part. Le mariage de Duval4 m'a étonné ; je ne le croyais pas à Amiens.
La Garde Nationale invite à aller défricher les Bruyères et elle y va à tour de rôle, j'ignore si lorsqu'il y aura de la neige, on ne la fera pas mettre en Mulon par les citoyens. Je suis assez content de moi, j'ai travaillé cet hiver, je n'ai pas perdu un instant. L'anatomie a été pour moi la même passion que celle de courir aux insectes : jugez.
J'embrasse papa5 et la famille et vous souhaite une bonne santé.
Votre fils Constant Duméril
Notes
Notice bibliographique
D’après le livre des Lettres de Monsieur Constant Duméril, 1er volume, p. 130-131
Pour citer ce document
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Compléments historiographiques
Cécile Dauphin
Centre de recherches historiques
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