C |

Cordier, Charles (1827-1905)

Cordier, Charles (1827-1905)

Le sculpteur Charles Cordier est apparenté à la famille Duméril : il épouse en juillet 1851 Félicie Berchère, petite-fille de Florimond Duméril dit Montfleury (l’aîné), frère d’André Marie Constant Duméril. Félicie Cordier fait partie, avec sa sœur Marie et son mari Giuseppe Devers, de la quarantaine de personnes invitées, à Paris, au repas de noces de Caroline Duméril et Charles Mertzdorff (juin 1858).

Charles Cordier, né à Cambrai, est fils de Charles Antoine Cordier (1788-1867), pharmacien, et de Mélanie Derome (1787-1866). Il a un frère, Eugène (1820-1865), et une sœur, Mélanie Cordier, épouse du graveur Firmin Gillot (1820-1872). Charles Cordier s’exerce au modelage à Lille, dans l’atelier du sculpteur Louis Victor Bougron (1798-1886), qu’il suit à Paris en 1844. Il vit de menus travaux de sculpture et suit le soir les cours de l’Ecole royale de dessin dirigée par Jean Hilaire Belloc (1786-1866). En 1846, il entre dans l’atelier de Rude (1784-1855), où il rencontre Seïd Enkess, esclave noir affranchi devenu modèle professionnel. Le portrait qu’il réalise et expose au Salon (en 1848, année de l’abolition de l’esclavage déclarée dans les colonies françaises) est le point de départ de son œuvre ethnographique. Ce buste, Saïd Abdallah, de la tribu de Mayac, royaume de Darfour, qui connaît plusieurs versions, est exposé ensuite à Londres lors de l'Exposition internationale de 1851 où il séduit Auguste Duméril qui admire « le nègre de M. Cordier » (lettre du 11 juin 1851). La reine Victoria l’acquiert et l’Etat commande à Charles Cordier les bustes de Saïd Abdallah et son pendant la Vénus africaine pour la salle d’anthropologie du Jardin des Plantes de Paris, où se crée en 1852 une « galerie des principaux types humains », à la demande d’André Marie Constant Duméril et Etienne Renaud Augustin Serres (1786-1868, directeur du laboratoire d’anatomie). Cette galerie d’anthropologie se développe dans les années suivantes.

En 1853 Charles Cordier expose un couple de Chinois en bronze et émaux (émaillage sans doute réalisé par son beau-frère Devers), premiers essais de sculpture polychrome, qu’il présente lors d’une autre Exposition universelle, à Paris en 1855. A partir de 1857, il associe des matériaux différents : marbre, onyx, bronze. Ces sculptures, très remarquées, suscitent parfois la critique, et retiennent moins l’attention du public à la fin du Second Empire.

En 1856, André Marie Constant Duméril recommande au ministre de la Guerre, le maréchal Vaillant, un projet de Charles Cordier : un monument montrant la France débarquant en Algérie. C’est sans doute ce projet, commandé en 1857, mais qui ne dépasse pas ce stade, que Caroline Duméril voit en novembre 1857 dans le nouvel atelier que Charles Cordier vient d’installer rue de l’Est (actuel boulevard Saint-Michel). Au Salon de 1863 Charles Cordier expose la statue d’Amphitrite, les bustes de la Juive d’Alger et de l’Impératrice Eugénie ; Charles Mertzdorff remarque particulièrement ce dernier (lettre du 10 mai 1863).

Envoyé en missions ethnographiques en Algérie (1856), en Grèce (1858), en Egypte (1866 et 1868), il rapporte des portraits de personnes rencontrées, anonymes ou célèbres. Il vise par ses « travaux essentiellement artistiques et scientifiques » à « fixer les différents les différents types humains », alliant précision ethnographique et souci esthétique. Dans le « Rapport de Charles Cordier : Types ethniques représentés par la sculpture », Bulletin de la Société d’Anthropologie de Paris, 1862, il écrit : « le beau n’est pas propre à une race privilégiée ; j’ai émis dans le monde artistique l’idée de l’ubiquité du beau. Toute race a sa beauté qui diffère de celle des autres races. Le plus beau nègre n’est pas celui qui nous ressemble le plus… ».

Cordier participe aussi aux grands chantiers publics et privés du Second Empire, multipliant et diversifiant sa production. Par exemple, Constant Say possède dans son hôtel de la place Vendôme le Moïse sauvé des eaux, marbre de Cordier, et fait exécuter en 1865 un portrait de son épouse. Charles Cordier quitte Paris à la fin des années 1860, s'installe à Nice, puis, à partir de 1890, à Alger où il finit ses jours. Il est enterré à Paris, au cimetière Montmartre.

Charles Cordier et Félicie Berchère ont plusieurs enfants :

. Lucie (1852-1915) ; Eugénie Duméril est la marraine. Elle épouse d’abord en 1875 Emile Simon (1841-1885) puis en 1890 Gustave Eugène Commeint (né en 1837)

. Henri (1853-1926), sculpteur

. Un second fils, qui décède quelques jours après sa naissance, en 1855

. Amélie (1856-1944), épouse Félix Alexandre Frébet (1848-1923) le 26 octobre 1880 ; ils ont 3 enfants

. Léon (1859-1941), colonel, commandant des sapeurs-pompiers de Paris

. Marie-Louise (1863-1950), dessinatrice, épouse le 29 septembre 1881 Emile Drouet, fils du marbrier de son père. Ils ont six enfants, dont une fille, Suzanne Drouet-Réveillaud (1885-1970), peintre orientaliste.

Charles Cordier publie avec le photographe Charles Marville : Sculpture ethnographique - marbres et bronzes d'après divers types des races humaines (1858). Il rédige un court manuscrit, Mémoires et notes écrites par Charles Cordier, statuaire, chevalier de la Légion d’honneur… dont une copie est conservée à la documentation du musée d’Orsay.

[D’après Charles Cordier, l’autre et l’ailleurs, Christine Barthe, Laure de Margerie, Edouard Papet, Maria Vigli, Editions de la Martinièe, 2004, catalogue de l’exposition du musée d’Orsay]

(Voir la monographie sur les autres artistes mentionnés dans les lettres)


Notice bibliographique


Pour citer ce document

, «Cordier, Charles (1827-1905)», correspondancefamiliale [En ligne], Compléments historiographiques, Biographies, C,mis à jour le : 29/08/2013

Danièle Poublan

Cécile Dauphin

Centre de recherches historiques
EHESS
54 boulevard Raspail
F-75006 Paris