1851 |
1851-05
Auguste DumérilMardi 10 juin 1851
Lettre d’Auguste Duméril (Londres) à son épouse Eugénie Duméril (Paris)
d’André Auguste Duméril
Londres mardi 10 Juin 1851.
Deux lignes seulement, pour ce matin, ma chère et bonne petite femme, pour te dire que je continue à jouir et à profiter, autant que possible, de mon séjour ici ; mais le temps passe si vite, que je serai obligé, je crois, de laisser bien des choses de côté. Hier, la journée a été très remplie, par des courses dans la Cité, où nous1 avons visité un des grands bassins (le London Dock) qui, par la multitude des navires qui y sont renfermés, et la prodigieuse étendue des magasins, et des caves qui les entourent, donnent la plus haute idée de l’importance du commerce anglais. J’ai vu le fameux Tunnel2, inutilité complète, mais très curieuse, à cause des immenses travaux d’art que sa construction a exigés. Je t’en rapporte une vue, dont Henri te fait cadeau. Nous avons ensuite visité la célèbre Tour, mais dont il ne reste qu’une faible portion, qui soit de construction très ancienne : on y voit une assez intéressante collection d’armures, puis les joyaux et vaisselle d’or, de la couronne. J’ai visité la Bourse, la Banque, et j’ai pris une idée assez exacte de ce qu’est l’énorme et perpétuel mouvement de la Cité, où il y a bien des détails curieux. Enfin, à 5 h moins 1/4, nous sommes arrivés à l’Exposition3, dont l’immense et admirable bâtiment dépasse complètement l’idée que je m’en étais faite. Il est si vaste, qu’on y circule à l’aise, au milieu de ce nombre énorme d’individus, qu’indiquent les journaux. Nous y avons passé près de 2 heures, et avons eu, en sortant de là, le joli spectacle de la promenade à cheval, des hommes et des amazones, dans une allée de Hyde Park, laquelle y est exclusivement consacrée. On ne dîne, en général, qu’entre 7 et 8 heures. Le soir, nous avons été faire visite à Elise4, chez sa belle-sœur, Mme Southey. Ce matin, nous sommes partis à 8 heures, et avons parcouru la Tamise, sur les bateaux à vapeur omnibus : nous avons vu le beau marché aux poissons5 de la Cité, que papa a vu, je pense. Cette promenade sur la Tamise est quelque chose de tout à fait spécial à Londres. Il est 11 h moins ¼, nous venons de déjeuner, nous partons pour l’exposition.
Dis à Adèle6, je te prie, que je suis bien content de savoir qu’elle est sage.
Mille et mille tendres baisers.
Notes
Notice bibliographique
D’après le livre de copies : Lettres de Monsieur Auguste Duméril, 2ème volume, « Voyage à Londres, juin 1851 », p. 564-566
Pour citer ce document
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Compléments historiographiques
Cécile Dauphin
Centre de recherches historiques
EHESS
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